Ce n’est pas une surprise. Le candidat UMP, Jean-Louis Costes, a emporté la législative partielle de Villeneuve sur Lot. Avec une mobilisation un peu plus forte qu’au premier tour, sans qu’on puisse parler de grand élan populaire et républicain. A l’examen des résultats, nul doute que chaque camp y trouvera matière à satisfaction. C’est un principe assez général et partagé par toutes les formations politiques. Dans un scrutin, on est toujours gagnant quelque part. Il suffit de bien chercher. Evidemment, le plus heureux est Jean-Louis Costes, qui, de façon tout à fait inespérée, se retrouve à l’Assemblée Nationale à la place de Jérôme Cahuzac, qu’il n’aurait sans doute jamais pu battre dans un face à face. On pourra toujours lui reprocher d’avoir simplement ramassé le fruit tombé de l’arbre, mais encore fallait-il le faire. Même si sa victoire n’est pas si large. Et c’est sans doute un motif de satisfaction pour le clan lepéniste. Avec près de 47%, Etienne Bousquet-Cassagne n’est pas passé si loin du but. Et cela malgré la constitution d’un “front républicain” contre lui. Un “Front Républicain” dont Harlem Désir le premier secrétaire du parti socialiste pourra nous expliquer qu’il a permis de faire échec au candidat du Front National, et que… c’est en quelque sorte un succès pour lui. Trêve de plaisanterie, le premier enseignement de cette primaire, c’est que le PS a été balayé. Bien sûr on pourra toujours arguer qu’à travers le candidat socialiste du premier tour, les électeurs ont voulu sanctionner Jérôme Cahuzac, sa cupidité, sa fausseté et son mensonge. Cela a dû jouer. Mais cela ne suffit en tout cas pas à expliquer l’échec des socialistes dans toutes les partielles qu’ils ont eu à disputer depuis l’élection de Hollande. La défaite socialiste de de Villeneuve sur Lot, comme les précédentes, est d’abord la sanction d’une politique que la plupart des électeurs considèrent aujourd’hui comme un échec. Bien sûr ce quinquennat n’a qu’un an et il reste du temps au Président pour démontrer qu’il a raison. Que sa politique peut conduire au redressement. Mais pour l’instant on est bien loin du compte. Le deuxième enseignement, c’est que le front républicain a fait pschitt, il y a évidemment plus de 53% de bons républicains à Villeneuve sur Lot, mais qui n’ont pas voulu se fondre dans le front proclamé par Harlem Désir. Cela avait marché lorsqu’il s’agissait de renvoyer Chirac à l’Elysée, en barrant la route à Jean-Marie Le Pen. Cela ne marche plus dans une législative, où l’on vote précisément parce qu’un éminent représentant du camp républicain, ministre de surcroit, s’est cru autorisé à piétiner allègrement les valeurs de la République en question. Cela ne marche plus non plus parce que la frontière entre les deux mondes paraît de plus en plus floue, et se déplace au gré des circonstances. Du fait du travail de Marine Le Pen et ses émules qui s’emploient à dédiaboliser leur camp. Mais aussi parce que la frange la plus à droite de l’UMP, vendange ouvertement sur les terres les plus extrêmes, encouragée en cela par la récente campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Du coup on peut même se demander s’il ne devient pas carrément contreproductif d’utiliser cette ficelle. Affirmer que PS et UMP sont les deux faces de la même médaille, fut-elle républicaine, est pain béni pour les lepénistes, qui ne cherchent rien tant que de le démontrer. C’est en substance le raisonnement que tenait hier Alain Juppé, que l’on ne peut suspecter de complaisance envers le Front National. Le score d’Etienne Bousquet Cassagne lui donne raison. Pour enrayer la progression du parti de Marine Le Pen il va falloir inventer autre chose.