Une issue incertaine

On n’entend pas beaucoup Harlem Désir depuis qu’il a pris les commandes du parti socialiste. Mais c’est encore trop! Les propos tenus hier à propos de “l’esprit munichois” de certains responsables de l’opposition ne sont pas “infâmes”, comme s’en insurgent ceux-ci, mais tout simplement imbéciles et inutiles. Il est naturel qu’il y ait un débat en France, comme en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis  sur l’opportunité de faire la guerre en Syrie. Et ceux qui sont contre ne sont ni des capitulards ni des lâches. N’en déplaise au sergent Désir, dont on comprend toutefois le malaise. Car les atermoiements et volte-face de nos candidats chefs de guerre ont singulièrement compliqué les choses, et mis le moral des troupes à rude épreuve. La faute d’abord aux Anglais qui ont renoncé à tirer les premiers. Au delà du camouflet à Cameron, le vote de la Chambre britannique intervenant à un moment où les pilotes anglais faisaient déjà chauffer leurs moteurs, a changé la donne. Ce qui devait être une intervention américano-anglaise, accompagnée par la France, devenait un projet américain soutenu seulement par François Hollande. Les aimables déclarations américaines sur l’ancienneté de l’alliance et de l’amitié entre nos peuples, n’ont pas abusé grand monde: sans les Anglais, la donne était changée. Au point qu’Obama se sente obligé d’esquisser un pas en arrière en demandant, avant de déclencher une guerre qu’il aurait déjà décidé de faire, un avis sinon un aval du Congrès américain. Et du coup c’est bien Hollande qui se trouve en porte à faux. En France, il n’est pas prévu de consulter le parlement avant une opération militaire mais seulement de l’informer. L’opposition s’est bien sûr jetée dans la brèche ouverte par les Anglais. Ce qui est bon pour la démocratie à Londres ou Washington vaut forcément aussi pour Paris. A juste titre, les élus de droite et du centre, mais aussi du Parti Communiste demandent un vote à l’issue du débat prévu mercredi prochain. François Hollande est d’autant plus mal venu de le refuser, que personne n’a oublié que lorsqu’il était dans l’opposition, il demandait lui-même un vote parlementaire à propos de l’envoi de troupes en Afghanistan. Et tant pis si cela coïncide mal avec la posture qu’il s’était choisi pour la deuxième fois. Celle du chef de guerre décidant seul de faire tonner la foudre, en son âme et conscience, au nom de valeurs universelles.

A ce stade, les trois dirigeants occidentaux ont tout simplement péché par excès de précipitation, voire d’arrogance, en imaginant qu’ils pouvaient seuls, entraîner leurs trois pays dans une guerre sans objectif clair, sans l’aval de l’ONU, avant même de connaître les résultats de l’enquête sur le terrain… Conséquence: les justiciers auto-proclamés paraissent mollir, voire faiblir, et le seul vainqueur de cette première bataille avant l’heure s’appelle Bachar Al-Assad. Le combat pour sanctionner sa barbarie n’est pas terminé, mais l’issue en semble maintenant encore plus incertaine.

1 réflexion sur « Une issue incertaine »

  1. Il y a aussi la formidable accélération médiatique autour des premières déclarations des Américains. il n’a fallu que quelques heures pour que les chaînes d’infos et sites de news déploient leur génériques et bande-annonce guerrières De quoi alimenter l’impatience puis la déception/soulagement puis la contradiction/critique

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