Et si l’on calmait un peu le jeu…

On se sent un peu désarmé! Que plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers de personnes puissent descendre dans la rue pour protester contre une loi qui a déjà été votée, et mise en œuvre; deux supposées réformes dont il n’est pas question pour l’instant; et contre une soi-disant « théorie du genre » que personne ne revendique; a de quoi surprendre. Et si cette manifestation est une opportunité pour certains mouvements d’extrême-droite de faire semblant de coaguler les mécontentements autour de leurs thèses, cela ne suffit pas à la disqualifier.

Certes, les catholiques intégristes sont là, et les nationalistes les plus extrêmes, et le Front National, et quelques élus égarés de l’UMP… mais traiter tout le monde de réactionnaire, voire de fasciste, ne fera pas avancer dans la compréhension. Quand un mouvement sans justification apparente prend cette ampleur, c’est qu’il se passe quelque chose. Et il ne suffira pas de jeter l’anathème sur les intéressés, pour tourner la page. Le fait que coagulent ainsi les mécontentements divers, autour du thème de la « familiphobie », comme ils disent, est en soi un phénomène digne d’intérêt. Et le gouvernement, au lieu d’insulter tout le monde, serait bien inspiré d’y réfléchir.

Ce n’est pas le fascisme qui est en marche dans nos rues. C’est la peur! Ou plutôt les peurs. Absurdes, irraisonnées, égoïstes? Sans doute. Mais réelles. Au lieu de tempêter contre une tentative de déstabilisation de la République, de dénoncer une manipulation, les gouvernants devraient donc s’interroger sur la déstabilisation générale que traduit l’ampleur de ce mouvement. Et la constatant, prendre quelques égards.

Lorsque les députés, décident d’inclure dans une loi sur l’égalité homme-femme un article dictant aux écoles supérieures -de journalisme en l’occurrence- ce qu’elles doivent enseigner à leurs étudiants, au nom de l’égalité entre les sexes, c’est une injure à la démocratie. Les élus ne sont pas nos directeurs de conscience. Il appartient à la société civile de prendre ses responsabilités, en matière d’éducation comme dans les autres domaines. En voulant réglementer l’expression publique -on l’a vu dans l’affaire Dieudonné- ou dicter à la société, à travers l’école, des règles morales, fut-ce au nom du combat contre l’antisémitisme ou pour l’égalité, le pouvoir se fourvoie. Déstabilise tout le monde et alimente le malaise ambiant, et le sentiment d’insécurité.

Incapable, pour l’instant, à cause de l’ampleur de la crise, d’apporter la sécurité économique à laquelle chacun aspire, ayant engagé des réformes sociétales d’envergure qui figuraient à son programme, mais ont évidemment ébranlé la société, le gouvernement donne le sentiment de vouloir imprimer sa marque sur tous les sujets qui passent à sa portée. Comme si l’impuissance que les citoyens lui reprochent dans le domaine économique, pouvait être conjurée par un activisme débridé dans le champ sociétal. Mais c’est tout le contraire. Hollande avait promis pendant sa campagne de panser les plaies ouvertes par son prédécesseur. Là où ce dernier avait clivé, déchiré, opposé, il voulait réconcilier et apaiser. On est bien loin du compte.

Il est sans doute temps de se concentrer sur l’essentiel, le redressement du pays, et d’oublier pour un moment les querelles idéologiques, et combats de principe sur des sujets périphériques, ou non immédiatement essentiels. Qui peut penser qu’il est absolument urgent aujourd’hui de « déconstruire les stéréotypes du genre » pour transmettre une culture de l’égalité des sexes dès la maternelle, comme le prévoit l’expérimentation en cours dans dix académies? Peut-être pourrait-on remettre à plus tard le traitement de cette question et de quelques autres, qui fournissent aux cortèges inquiets, ou frustrés, prétexte à prétendre que la Nation et ses traditions sont en danger!

2 réflexions sur « Et si l’on calmait un peu le jeu… »

  1. Bonne idée de calmer le jeu, et que le gouvernement s’occupe enfin de redresser l’économie de la France.
    Concernant les manifestants, ce n’est pas la peur qui les mobilise mais la volonté de mettre fin à des dérives idéologiques conduisant à un vrai lavage de cerveau des enfants : demander à prof. d’humilier un enfant qui ne sait pas justifier rationnellement son intuition que “le rugby, s’est plus pour les garçons que pour les filles”, demander au garçon de danser le rôle du petit chaperon rouge, c’est au mieux débile, au pire perturbant pour un enfant. Et les parents sont légitimes à manifester pour que leurs enfants ne soient pas déboussolés par de tels enseignements.

  2. Encore faudrait il qu’un fois que les mesures sont prises pour calmer le jeu, les médias et les politiques ne traduisent pas cela en langage guerrier “recul”, “battre en retraite” etc… et que ceux qui mettent un projet de côté le fassent clairement et en le disant.

    Quant aux histoires de ce qui se passerait dans les écoles comme évoqué dans un commentaire, il y a beaucoup de fantasmes et bien peu de réalités, que des filles jouent au rugby si cela les amusent, ce n’est pas moi qui passerait une heure devant du rugby féminin, que les garçons dansent si cela les amusent, ce ne sont pas quelques minutes à l’école qui changeront leur orientation sexuelle et leurs choix de sports, peut être même au contraire, combien ont été dégoutés d’une activité parce qu’elle était obligatoire à l’école…

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