Populisme: la course à l’échalote

Mais jusqu’où les mènera la course à l’échalote? Les leaders de l’UMP, et en particulier les deux premiers d’entre eux, Jean-François Copé et François Fillon, sont apparemment prêts à toutes les surenchères démagogiques, pour s’attirer les bonnes grâces des sondages, dans la perspective de la présidentielle. La première salve est venue du président officiel de l’UMP tentant il y a quelques jours de façon un peu pathétique, et ridicule il faut le dire, de ranimer la flamme de la défense de la famille, supposée menacée par le gouvernement socialiste. La cible de son attaque: “tous à poil” un livre pour enfants, diffusé depuis 2011, et qui a obtenu un prix du meilleur album pour la jeunesse à une époque où son mouvement était aux affaires et aurait pu sans nul doute faire cesser le scandale, s’il y avait eu. Il n’y en a évidemment pas, d’autant que contrairement à ce qu’il affirme, “tous à poil” ne figure pas parmi les ouvrages recommandés par le ministère aux enseignants du primaire… Simplement, à l’heure où la défense d’une certaine idée, archaïque, de la famille, mobilise les foules, il y a peut-être là quelques points à grappiller dans les sondages…

On peut supposer que la motivation de son compère et néanmoins ennemi François Fillon était du même acabit, lorsqu’il s’est félicité du résultat de la votation suisse qui met fin à la libre circulation des travailleurs européens dans la confédération. Comme Marine Le Pen, et la plupart des leaders populistes d’Europe. Mieux, si l’on écoute Fillon, la France devrait suivre cet “exemple” et mettre en œuvre des quotas d’entrée sur le territoire. Cela repose la question récurrente sur la stratégie de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy. Lui qui avait construit une image de crédibilité sur sa modération, son rejet des discours simplistes des lepénistes, du temps où il était à Matignon, comment a-t-il pu changer à ce point de trajectoire, dénonçant un jour la libre circulation qui est la règle en Europe, se disant prêt un autre à soutenir des candidats du FN, “moins sectaires” que ceux du PS, avant de regretter ses propos, il faut le préciser? Pense-t-il vraiment qu’il puisse un jour l’emporter sur ses rivaux, et en particulier Sarkozy, en se positionnant en champion de la droite de la droite? Sans doute.

En attendant, la surenchère démagogique de ses leaders pourrait finir par lasser une partie de l’électorat de l’UMP, et plus encore ses alliés centristes. On imagine le malaise de Bayrou, europhile convaincu, qui doit se sentir, comme à son habitude, le cul entre deux chaises. La ville de Pau lui est certes chère, mais elle ne vaut peut-être pas tous les renoncements.

 

 

1 réflexion sur « Populisme: la course à l’échalote »

  1. On pourrait penser qu’après 10 ans de pouvoir, un parti de gouvernement tire le bilan de son passage et réfléchisse à ce qu’il pourrait proposer pour avoir un projet plus cohérent lors des prochaines échéances nationales, il n’en n’est rien, on voit qu’en 10 ans, les socialistes n’ont pas pensé à grand chose tant ils ont l’air de découvrir certains dossiers.
    Peut être qu’avec la multiplication des médias chauds et des chaines d’infos continues, ces interviewers journalistes qui cherchent à avoir l’exclu d’un bon mot ou d’une phrase choc, tout ce petit monde est entrainé dans un tourbillon de petites phrases et de manoeuvres électorales qui font penser à un joueur d’échec qui n’a jamais plus d’un coup d’avance, un pousseur de bois quoi, en attendant, ce sont les pions qui dégustent.

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