Le refus d’obstacle des écolos

Comment expliquer le comportement des écologistes? Pendant deux ans, ils ont avalé toutes les couleuvres imposées par le gouvernement Ayrault pour conserver leurs places au sein du gouvernement. Au point que l’un d’entre eux, et non des moindres, Noël Mamère quittât leur mouvement, ulcéré par les compromis. A plusieurs reprises ils eurent à dire leurs désaccords. Avec Manuel Valls, c’est vrai, sur les expulsions de roms et ses propos inacceptables sur leur incapacité à s’intégrer. Mais aussi sur l’aéroport de Notre Dame des Landes, véritable casus belli entre eux et le premier ministre d’alors Jean-Marc Ayrault, premier promoteur du projet. Dans tous les cas, après quelques fanfaronnades médiatiques, ils rentrèrent dans le rang. Pour préserver leur précieux maroquins: le ministère du logement et celui du développement. Deux fonctions dans lesquelles, sans échouer franchement, ils n’ont pas ébloui le public en faisant démonstration d’une vision particulièrement novatrice.

C’est le jeu de la politique. Participer à un gouvernement, c’est un privilège, celui de pouvoir faire avancer ses idées, en servant le pays. Cela vaut évidemment quelques compromis voire renoncements. Et il n’y a sur ce plan rien à leur reprocher.

Mais alors pourquoi sortir du jeu maintenant? Pourquoi se retirer sur l’Aventin au moment où on leur propose rien moins que la possibilité de mettre enfin leurs idées en pratique, d’illustrer par l’action leurs convictions les plus profondes. Le Président et le nouveau premier ministre étaient, semble-t-il, disposés à leur proposer un grand ministère de l’Environnement. Fini les lots de consolation, ils allaient enfin se trouver en responsabilité sur ce qui est leur raison d’être politique: l’écologie et le développement durable. Enfin un défi à leur mesure! C’est à ce moment qu’ils claquent la porte! Ils refusent l’obstacle, parce qu’ils ne supportent pas Manuel Vals.

Bien sûr, les sceptiques professionnels pourront dire qu’ils n’auraient jamais eu les coudées franches, que les socialistes les auraient empêché d’agir, et qu’ils ont anticipé une rupture inévitable. Peut-être. Mais si c’est là leur motif, c’est une faute. S’ils craignaient d’être en liberté trop surveillée, sous la férule de l’ex-premier flic de France, il fallait quand même jouer le jeu, et sortir  la tête haute dans quelques mois, après avoir essayé d’entreprendre, et constaté que le nouveau premier ministre est tout le contraire d’un écolo et qu’il les empêche d’agir. Après cette démonstration, leur mouvement aurait été unanime pour valider leur retrait, qui serait apparu respectable aux yeux de tous, y compris Daniel Cohn-Bendit, leur ex-leader incontournable, qui les accable aujourd’hui.

Au lieu de quoi, ils ont choisi de se défiler au moment où la transition énergétique devient plus que jamais un impératif, et va s’imposer au gouvernement. Ils ont refusé de prendre les rênes d’un éventuel virage plus écologique du pouvoir. Décidé de laisser Ségolène Royal relever l’étendard du développement durable. Pour faire quoi? Vont-ils quitter la majorité, lâcher ce pouvoir dont ils se sont exclus, et dont Cécile Duflot ne peut pas supporter le nouveau premier-ministre? Vont-ils lui refuser la confiance à l’Assemblée, comme ils jouent à en faire planer la menace? Pour obtenir une dissolution? Renvoyer leurs députés, qui doivent leur siège à leur alliance avec les socialistes, se représenter seuls devant les électeurs en plein ras de marée de droite? Cela équivaudrait à un suicide collectif.

On peut donc supposer qu’ils vont continuer à avaler les couleuvres, en protestant, mais en ayant laissé passer leur chance d’influer sur la politique de leurs alliés.

1 réflexion sur « Le refus d’obstacle des écolos »

  1. Ils croient peut-être aussi améliorer leur score aux européennes en reniant leurs engagements avec le PS plus impopulaire que jamais. Et quand un gouvernement est très impopulaire, c’est souvent parce qu’il prend des décisions difficiles et inévitables !

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