A qui perd gagne!

Dis, c’est quand 2017? C’est encore loin? Et on va vivre dans ce climat jusque là? Coincés entre une droite qui n’en finit plus de se déchirer, comme si l’enjeu était de prouver qu’elle est vraiment “la droite la plus bête du monde”, selon la célèbre formule de Guy Mollet, et une gauche qui ne semble toujours pas avoir réalisé qu’elle est au pouvoir et se cherche tous les prétextes pour reprendre sa posture d’opposition. Ce n’est en tout cas pas comme cela qu’on va remettre la France sur les rails du progrès.

A droite, tout se passe comme si l’on craignait d’avoir à disputer la finale de 2017 contre le Front National. Comme si cette UMP, incapable de maintenir Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2012, comme de battre le FN aux européennes, avait besoin d’une bonne fracture ouverte pour retrouver ses chances. La sortie des auto-désignés “mousquetaires” de la droite forte, Dati, Guéant, Wauquiez et Peltier, annonce peut-être déjà un échec des tentatives de réunification de la droite. Leurs prises de position anti-européennes, leur refus du rapprochement avec les centristes, leur allégeance à Nicolas Sarkozy, les positionnent clairement aux antipodes du triumvirat qui dirige actuellement l’UMP et qu’ils ne se privent d’ailleurs pas de critiquer. Alors que l’UMP aurait surtout besoin d’unité et d’apaisement des rivalités, pour se remettre dans le sens de la marche après la tempête Bygmalion, la bataille pour le contrôle du parti, qui devrait se dérouler jusqu’à l’élection prévue à l’automne, promet d’être violente. Et ce ne sera qu’un hors-d’œuvre! La bagarre pour la présidentielle devrait prendre immédiatement le relais, avec un probable affrontement titanesque entre Nicolas Sarkozy et l’armée de ceux qui à l’UMP n’en veulent plus.

A gauche, on est en pleine interrogation idéologico-philosophique. On pourrait résumer les états-d’âme d’une partie du parti socialiste, auto-qualifiée de plus “progressiste”, de ceux qui se trouvent à la gauche du PS, et d’une part des écologistes, d’une formule: “est-ce que cela vaut vraiment le coup d’exercer le pouvoir pour en faire ça?” Ça… c’est prendre en compte la situation financière catastrophique du pays, constater le déficit de productivité de notre économie, diminuer les dépenses publiques, prétendre peser sur l’Europe de l’intérieur, privilégier la négociation sociale… plutôt qu’augmenter le pouvoir d’achat, surtaxer les entreprises, punir leurs patrons, jeter l’euro à la corbeille et faire un bras d’honneur au monde de la finance.

Voilà, résumé de façon très caricaturale, l’état des forces politiques “de gouvernement” de ce pays. Ajoutons une préoccupation qui traverse les deux camps par le milieu avec la même urgence: qui sera le candidat à la bataille de 2017 contre Marine Le Pen? Ou encore, dit autrement: comme empêcher le président de se représenter. L’ancien, pour la droite, l’actuel pour la gauche. Et les officines de sondages fourbissent leurs chiffres pour entretenir le suspense. Qui veut voter pour qui à une éventuelle primaire qui pourrait avoir lieu on ne sait quand d’ici 2017 entre on ne sait quels candidats? Surprise: Juppé fait un pouième de moins ou de plus que Sarkozy, et Hollande est virtuellement battu à plates coutures…

Allez! Droite et gauche ont encore trois ans pour se départager, dans leur compétition à qui perd gagne… Qui raflera la mise à l’issue de ces enchères inversées, où le moins disant doit l’emporter? L’enjeu est clair: déterminer si nous avons vraiment la droite la plus bête du monde, ou la gauche la plus stupide d’Europe… ou les deux.

1 réflexion sur « A qui perd gagne! »

  1. Il s’agit maintenant, pour ne pas sombrer dans le pessimisme le plus noir, de détecter, faire surgir, ressentir quelques fait porteurs d’avenir et les pensées éventuelles qui pourraient les accompagner. Le livre de Jospin – “Le mal napoléonien” de Jospin et “Quand la France s’éveillera” de Pascal Lamy font l’état des lieux et pourraient constituer une bonne base de réflexion.

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