Comment mettre fin au massacre? On en est à plus de 900 morts côté palestinien 39 côté israélien, et les roquettes du Hamas et du Jihad islamique, dont les militants s’abritent au milieu de la population civile, continuent de pleuvoir. Quand viendra l’heure du cessez le feu?
Israël est maintenant habituée à cette question. En 2008-2009 lors de la précédente intervention à Gaza, dite “Plomb durci”, le cessez le feu était intervenu après 24 jours, et 1387 morts palestiniens. Si l’on en croit l’ONG B’Tselem, centre israélien d’information sur les droits de l’homme dans les territoires occupés, 773 civil figuraient parmi les victimes palestiniennes, dont 252 enfants de moins de 16 ans. Côté israélien on dénombrait 13 morts, dont 10 soldats. L’objectif à l’époque était exactement le même: détruire la capacité du Hamas d’envoyer des roquettes sur Israël, démolir les tunnels et discréditer le mouvement terroriste auprès de la population civile. Pour en finir, Israël avait affirmé que ses objectifs étaient atteints, et accepté un cessez le feu. Sans que quiconque soit dupe. Le Hamas n’était pas désarmé, loin s’en faut, comme le prouve le conflit actuel.
Avant “Plomb durci”, il y avait eu en 2006 la guerre du Liban, avec, là aussi, l’objectif de désarmer des terroristes, ceux du Hezbollah, de retourner la population locale contre eux, et de récupérer des soldats enlevés par le mouvement terroriste. Le cessez le feu était intervenu après 33 jours de combats et plus de 2000 morts dont 1500 civils libanais, 43 civils israéliens, plusieurs centaines de miliciens du Hezbollah, et 119 soldats de Tsahal. Une guerre considérée comme un échec, y compris en Israël.
Alors combien faudra-t-il de morts civiles pour que le gouvernement de Netanyahu finisse par se convaincre que cette guerre, comme les précédentes, est sans issue. Forcément sans vainqueur. Pour admettre qu’on n’élimine pas la résistance en punissant les civils. Que les enterrements d’enfants ne discréditent pas l’action du Hamas mais renforcent la solidarité contre l’ennemi. Que chaque mort de civil sème un peu plus de haine dans les cœurs de Palestine, et jette un peu plus de discrédit sur la politique israélienne. Il y aura toujours une roquette à détruire, un tunnel à boucher, un militant à éliminer. Et les bombes les plus sophistiquées, les plus meurtrières, ne pourront jamais ramener la paix.
La sécurité d’Israël, que menace régulièrement le Hamas, se joue ailleurs. La seule façon pour le gouvernement de Jérusalem d’éradiquer le terrorisme, c’est de faire la paix, et de négocier. Avec les Palestiniens de Mahmoud Abbas, qui ont largement démontré depuis des années leur volonté de paix. Mais aussi avec les islamistes du Hamas, avec qui on prétend ne jamais négocier, mais avec qui il faudra bien s’entendre quand viendra l’heure du cessez le feu. Négocier une paix durable avec eux, pour mettre fin à ce blocus indigne qui enferme près de 2 millions d’être humains dans une prison à ciel ouvert. Négocier avec les Iraniens aussi, dont la communauté internationale doit exiger qu’ils cessent d’armer les terroristes, s’ils veulent une normalisation des relations avec eux.
On peut donc dire que les perspectives de sécurité du peuple israélien, comme les espoirs de paix auront reculé sensiblement pendant cette offensive meurtrière et contre-productive, au rythme macabre des décès. L’image d’Israël dans le monde en aura été une fois de plus abimée. Les organisations humanitaires dénonceront une fois encore l’emploi par Tsahal d’armes illégales, les bombes à fléchettes par exemple, dont Israël aura du mal à convaincre qu’elles sont destinées à détruire les infrastructures du Hamas. On peut penser que les appels au boycott en reprendront de la vigueur. En Israël même, une fois l’exaltation militaire nationale passée, on se demandera si cela valait vraiment la peine de perdre une quarantaine de ses jeunes pour ce résultat. Netanyahu espérait sans doute aussi de ce conflit une resserrement de l’union nationale autour de son gouvernement. Pas sûr que ce résultat soit là non plus.
Le seul espoir qu’on puisse avoir, c’est que cette inutile et absurde destruction de vies humaines renforce en Israël le camp de la paix. De tous ceux, et ils sont nombreux, qui partagent avec David Grossman, écrivain et essayiste israélien: «Un espoir du “malgré tout”. Un espoir qui n’ignore pas les nombreux obstacles et menaces, mais refuse de s’en tenir uniquement à eux. L’espoir que, si les flammes baissent sous le conflit, pourront apparaître, à nouveau, peu à peu, les contours sains et sensés des deux peuples. »