Faillite internationale à Gaza

Qui peut encore croire en “ce machin” qu’est devenue  l’ONU, pour reprendre le mot du général De Gaulle? La faillite de l’organisation mondiale est totale. Illustrée dramatiquement par les larmes de Christopher Gunness, le porte parole de l’UNWRA l’agence de l’ONU chargée des réfugiés, pleurant sur le sort des enfants qui avaient cru trouver refuge dans une école de l’ONU à Gaza, et dormaient sur le sol d’une salle de classe. Illustrée aussi par ces déclarations outrées de Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations unies qui réclame “que justice soit faite”, après le bombardement d’une l’école, ou d’un marché, qui exhorte les israéliens à ne pas violer les règles internationales… tandis que les américains approvisionnement en munitions l’armée d’Israël, au moment même où Barack Obama somme les Israéliens de cesser le feu!

Il n’y a plus de légalité internationale qui vaille au Proche-Orient. Plus personnes ne fait même semblant d’exiger le respect des principes de justice, d’équité, d’humanité, les plus élémentaires. Ce n’est pas nouveau bien sûr, il y a des années qu’Israël viole les unes après les autres les résolutions du Conseil de Sécurité. En poursuivant la colonisation des territoires palestiniens. En morcelant le territoire du futur éventuel état palestinien, préconisé par l’ONU depuis 1947, au moyen de centaines de kilomètres de mur de 8 mètres de haut faits pour casser, diviser, couper, humilier, rendre invivable la Palestine. En s’emparant mètre carré après mètre carré de Jérusalem-Est, pourtant promise depuis toujours à devenir capitale du futur Etat. En imposant à Gaza un blocus inhumain autant qu’illégal, que ne suffit pas à justifier l’extrémisme du Hamas, qui s’obstine à mener un combat terroriste dont la principale conséquence, au delà des victimes israéliennes de ses roquettes aveugles, est la misère de son peuple, la destruction de son territoire, la mort de ses enfants.

La crise du Moyen-Orient aura été le terrain de l’échec total de l’ONU, de sa décrédibilisation absolue. Et l’on ne peut pas dire que l’organisation internationale ait été beaucoup plus efficace en Irak, ou en Syrie, qu’en Palestine. La faute sans doute d’abord à l’ambiguité américaine. Premier pilier de l’ONU, principale puissance, prétendant-justicier du monde, et en même temps allié inconditionnel d’Israël, prêt à toutes les humiliations pour ne pas déroger à une règle sans doute dictée par un électoralisme coupable, selon laquelle on soutient en toute circonstances le gouvernement de Jérusalem, quel qu’il soit, quoi qu’il fasse, ou à peu près.

Tous les présidents américains ont eu droit à leur humiliation. Tous se sont rêvés en faiseurs de paix, ont mis tout leur poids dans la balance diplomatique moyen-orientale, ont imaginé des accords de paix, des programmes de négociation, des feuilles de route, qui devaient les faire entrer dans l’histoire… en vain. Tous ont du se résigner devant l’intransigeance des belligérants. Mais aucun n’aura été autant humilié qu’Obama. Il avait obtenu par avance le prix Nobel de la Paix, dès son arrivée à la Maison Blanche, pour son action à venir. En Israël comme en Palestine, les avocats de la paix avaient misé sur lui. On l’attendait à Jérusalem… Il a subi camouflet sur camouflet de la part du gouvernement de Netanyahu. Jusqu’à l’humiliation ultime, cette sommation adressée il y a quelques jours au premier ministre israélien, pour “un cessez le feu immédiat et sans condition”, auquel celui-ci répondit en annonçant à la télévision israélienne, une “guerre longue et difficile”. Et enfin, l’annonce de la reprise des approvisionnements de munitions à l’armée  israélienne. Merci Monsieur le prix Nobel de la Paix, pourront dire les enfants de Gaza.

On doit préciser en défense d’Obama, qu’aucun dirigeant occidental ne fut beaucoup plus brillant ces dernier temps. la palme de la stupidité revenant sans doute à François Hollande, faisant deux communiqués successifs à 24 heures d’intervalle, l’un pour soutenir le droit à l’auto-défense d’Israël, le suivant pour regretter les morts d’enfants palestiniens, comme si l’un pouvait faire antidote à l’autre et simuler un équilibre improbable.

Au final, si l’on s’éloigne un peu de la scène moyen-orientale, que l’on ajoute au puzzle la crise en Ukraine et les sanctions contre Moscou, la guerre en Syrie, la catastrophe islamiste en cours en Irak, l’apocalypse en Libye devant laquelle les occidentaux, tombeurs de Kadhafi, s’enfuient ventre à terre, le constat est terrible: la communauté internationale ne maîtrise plus aucune situation dans un monde en éruptions multiples, l’Onu est incapable de désamorcer les conflits, la diplomatie d’inventer des compromis… Comme si le monde ne parvenait pas à se relever de ces guerres faites au nom de “la liberté”. A Kaboul, à Bagdad, ou à Tripoli, c’est peut-être l’idée même de légalité internationale qu’on a dynamité. Renvoyant l’ONU à son statut de “machin” du passé.

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