Obama, battu aux élections, sans majorité, n’est plus prophète en son pays, malgré des succès dans le domaine économique. C’est ainsi que meurent les grandes illusions. Souvenez-vous! C’était le 4 novembre 2008. “Yes we can!” avait-il martelé pendant toute sa campagne. “Oui, il peut!” reprenaient les progressistes du monde entier, soulagés d’être débarrassés de son prédécesseur. Avec lui à la tête de l’Amérique, le monde allait changer. Un noir à la Maison Blanche, et l’Afrique se prenait à espérer une nouvelle donne, dans laquelle le développement s’ouvrirait enfin à elle. Le Moyen-Orient rêvait d’une paix enfin réalisée. Les minorités de tous les pays, les opprimés de partout, pensèrent une minute durant qu’ils avaient enfin un allié au sommet du monde. On l’encensa, on le glorifia, on en fit une légende vivante… Mais les plus ridicules dans l’affaire furent les membres du comité Nobel qui lui attribuèrent le prix Nobel de la paix, par anticipation, pour l’encourager dans son action à venir…
Quelle action? Certes, comme il l’avait promis, il décida du retrait des troupes américaines d’Irak. Avec le résultat que l’on sait: l’exacerbation du conflit chiito-sunnite, la guerre civile, et son cortège de milliers de victimes, et le contrôle de régions entières par les terroristes islamistes. Ce fut la seule action réellement tangible dans le sens de la paix, si l’on ne s’attarde pas sur les annonces concernant le désarmement nucléaire, jamais suivies d’effets.
A l’inverse, la présidence Obama généralisa l’utilisation de drones pour tuer à distance, sans autre forme de procès, des individus réfugiés aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan, ou encore dans le désert yéménite, au prétexte que la CIA les considérait comme des terroristes. Toléra aussi, au nom du péril terroriste, le recours à la torture validé sous son prédécesseur. Elle tergiversa suffisamment longtemps à propos de la guerre en Syrie, pour laisser le temps à Bachar El Assad de reprendre la main, avec l’aide de Moscou. Mais laissa ses alliés saoudiens et qataris financer et armer les islamistes sunnites en guerre contre Assad, avant de découvrir que ces derniers étaient devenus l’ennemi numéro un du monde civilisé, et d’entrer en guerre contre eux.
Juste après l’élection de Barack Obama, Elie Barnavi, historien, ancien ambassadeur d’Israël à Paris, membre de l’ONG “la paix maintenant” lançait un appel vibrant au nouveau Président des Etats-Unis, convaincu qu’avec lui une “paix américaine” était possible au Proche-Orient. Au début du second mandat d’Obama, l’historien, déçu, imaginait toutefois que libéré des soucis électoraux, celui-ci allait enfin prendre la mesure de ce rôle pacificateur que l’Histoire lui imposait de jouer à Jérusalem. A deux ans de son départ de la Maison-Blanche, après une déroute électorale, qui devrait réduire encore ses degrés de liberté, alors que l’on se bat tous les jours sur l’esplanade des Mosquées, Barack Obama n’a plus longtemps pour agir.
Pourra-t-il en deux années, sans le soutien d’un Congrès désormais hostile, donner enfin l’impulsion pour la paix que le monde attend en vain depuis le début de son premier mandat? Difficile de parier bien cher sur un sursaut. En tout cas on peut constater que pour l’heure son passage à la Maison Blanche coïncide plutôt avec une exacerbation des tensions, un retour, en plus soft tout de même, de la guerre froide, un éloignement sans précédent des perspectives de paix au Proche-Orient, une prise de contrôle de régions entières par les terroristes islamistes… La note est salée pour le prix Nobel d’anticipation 2009.