Le piège terroriste se referme, et comme on pouvait le craindre, nos gouvernants tombent dans le panneau. Après la loi d’exception sur le renseignement, qui crée les conditions d’une dangereuse dérive liberticide, voilà que les contrôles au faciès, jadis bannis par toute la gauche, la main sur le cœur, reviennent en odeur de sainteté. C’est le secrétaire d’état aux transports Alain Vidalies qui les a remis à l’ordre du jour. Comme on ne peut pas contrôler les bagages à l’entrée de toutes les gares, pour tous les trains, il propose de se rabattre sur un contrôle sélectif, et sur la “vigilance” du public. Et le ministre d’ajouter: “je préfère qu’on discrimine pour être efficace, plutôt que de rester spectateurs”.
En clair, on va contrôler les bagages louches, c’est à dire transportés par des gens louches, ou que leurs voisins de wagon auront désignés comme louches. C’est à dire ressemblant un peu trop physiquement, ou par la tenue vestimentaire, ou par la langue… à l’idée que chacun se fait d’un terroriste islamiste. C’est exactement ce que recherchent les djihadistes. Que l’on harcèle les musulmans, ou supposés tels dans nos imagiers, et les basanés, et tous les plus ou moins métèques, qu’on leur rende la vie bien impossible dans les démocraties occidentales, pour qu’ils soient vraiment écœurés, et deviennent plus réceptifs à leurs discours de haine.
C’est la finalité du terrorisme: répandre la peur de l’autre, et faire prospérer la haine.
En plus, la discrimination ne peut évidemment pas être “efficace”. Un quart des djihadistes seraient des convertis. Qui les reconnaîtra? Comment les policiers pourront-ils exercer leur vigilance, s’ils passent leur temps à contrôler les bagages de tous ceux qui n’ont pas tout à fait le profil physique du Français de cinquième génération. C’est simplement absurde. Une démocratie ne peut résister au terrorisme qu’en restant une démocratie. Soyons certains que les djihadistes rêvent d’une transformation de nos systèmes démocratiques en régimes policiers, contre lesquels ils pourraient prétendre un jour incarner des valeurs de résistance à l’oppression, pour se faire une légitimité aux yeux des laissés pour compte.
Mais bien sûr, le boulot du ministre des transports, c’est de montrer aux usagers des transports qu’il s’occupe de leur sécurité. Et si l’on a bien compris, il ne sait pas quoi faire! Alors il parle, et dit des bêtises… qu’on aimerait voir relevées et dénoncées par ses supérieurs hiérarchiques!