Palestine: une issue chaque jour plus improbable!

Qu’écrire encore sur la question palestinienne? Comment traduire le désarroi ressenti par tous ceux qui attendent depuis si longtemps une issue pacifique et équitable à ce conflit dont on finit par oublier les origines? Comment exprimer la déception sans cesse répétée, pour ces deux peuples qui aspirent, comme tous les peuples, à vivre en paix dans la liberté, et se heurtent depuis des décennies à des murs, embastillés entre intolérance et fanatisme, loi du talion et indifférence du reste du monde?

On parle maintenant de troisième intifada, en référence à ces révoltes qui à deux reprises conduisirent les jeunes de Palestine la pierre ou le fusil à la main, à se faire massacrer dans de vaines provocations à l’égard d’une armée d’occupation, toujours plus forte, toujours plus meurtrière. C’est écrit. Chaque victime israélienne sera payée au décuple par la jeunesse palestinienne. Dans les rues de Naplouse, les murs attendent déjà les photos de ces “martyrs” qui viendront rejoindre celles, défraichies, de leurs prédécesseurs des deux premières intifadas. Des images glorifiant ces gamins morts, portés au panthéon de la bêtise et de la cruauté des hommes.

Dans les mosquées, quelques imams qui appellent leurs ouailles à prendre les armes, se réjouiront peut-être de cette nouvelle moisson d’âmes. Dans certaines synagogues édifiées dans ces colonies volées aux espoirs d’un peuple paria, quelques rabbins glorifieront sans doute la victoire que constitue pour leur “peuple élu” la mort tragique d’une poignée de gosses. Le fanatisme et l’intolérance ne sont pas nouveaux, et sont largement partagés des deux côtés du mur vertigineux qui sépare les dominants des dominés, de part et d’autres de la clôture barbelée qui interdit, au coeur de la ville palestinienne d’Hébron, aux disciples d’Abraham des deux religions rivales de se croiser sur son tombeau.

Mais c’est d’abord l’indifférence qui étouffe peu à peu le peuple palestinien. Pas l’indifférence verbale… Le monde entier compatit. Tous favorables aux droits légitimes du peuple palestinien! D’ailleurs l’ONU l’a dit, écrit et répété à l’envi: l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-est est illégale. Non l’indifférence qui tue l’espoir, c’est la vraie, celle des actes. Celle qui permet à Barack Obama de continuer à soutenir militairement le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu en faisant mine de ne pas voir le régime d’apartheid que celui-ci est insidieusement en train de mettre en place.  Celle qui permet de se réjouir publiquement de voir le drapeau palestinien flotter à l’ONU, alors qu’on laisse chaque jour le gouvernement de Jérusalem-Ouest détruire méthodiquement toute possibilité de création d’un Etat en Cisjordanie et à Gaza, en étendant ses colonies. L’indifférence qui fait accepter à l’Europe qu’à chaque attaque sur Gaza les millions d’euros qu’elle a investis pour aider les palestiniens à survivre, soient réduits en poussière en quelques jours. Et qui lui fait admettre la légitimité des tonnes de bombes larguées des avions israéliens sur des populations civiles, en riposte à quelques dizaines de roquettes artisanales, qui font certes parfois des victimes innocentes en Israël, et dont le caractère terroriste est évidemment incontestable… .

Alors cette supposée troisième intifada, si elle est confirmée, sera bien le produit conjoint de la politique colonisatrice et raciste menée par le gouvernement de droite et extrême-droite israélien, de l’incapacité des Palestiniens à s’unir pour défendre leur cause, du fanatisme religieux de part et d’autre, et de l’indifférence occidentale. Et elle mènera tout le monde à sa perte. Quand ils auront définitivement ruiné toute possibilité de territoire pour les Palestiniens, les juifs israéliens auront certes définitivement décroché le graal de leurs extrémistes – le “Grand Israël”- mais ils devront vivre, minoritaires, dans un grand pays gangréné par la haine toujours ravivée, la méfiance toujours présente, la violence qui rend toute vie normale impossible. Déjà les civils se déplacent en armes dans les rues de Jérusalem! On peut penser que “l’Etat Juif” que Netanyahu veut contraindre les arabes d’Israël à reconnaître n’y survivrait pas longtemps.

Et la surenchère religieuse de l’extrême droite israélienne, accélère le processus de décomposition. En jouant avec les symboles, celui de l’esplanade des mosquées, troisième “lieu-saint” de l’Islam, en particulier, les intégristes religieux qui rêvent de reconstruire un temple juif à la place de la mosquée Al-Aqsa, pourrissent un peu plus la situation. Et ouvrent une voie royale aux intégristes du camp d’en face. Si la question palestinienne cesse d’être un problème politique, un conflit de territoire -que l’on peut toujours espérer résoudre par la diplomatie- pour devenir un pur antagonisme religieux, alors les fanatiques de tout bord prendront définitivement la main. Les djihadistes auront le dernier mot, et la rue palestinienne n’aura pas fini de chanter les louanges de ses “martyrs”.

La solution à deux états était et reste la seule voie d’avenir possible pour les Israéliens comme les Palestiniens. Elle devient simplement, hélas, chaque jour un peu plus improbable. Et c’est désespérant…

 

Il est urgent d’aider la Tunisie !

Allez, chiche, un rayon d’espoir dans le paysage! Alors que tout le monde s’attendait à ce que les Nobel choisissent pour leur prix de la paix, Angela Merkel, louable d’avoir donné un peu d’espoir aux migrants qui fuient la Syrie ou l’Irak, quelques mois après avoir elle-même désespéré les grecs en leur refusant une chance de redresser leur pays… les suédois ont choisi, à la surprise générale, de rappeler au souvenir de chacun la situation tunisienne. Et l’enjeu considérable que représente pour le monde musulman, et la planète en général, la poursuite du processus démocratique dans ce pays. Seul antidote connu à la barbarie de Daesch.

Il faut dire que les Nobel n’en sont pas à leur premier coup tordu. On se souvient encore du prix Nobel de Henri Kissinger et Le Duc Tho récompensant le fait qu’après avoir envoyé leurs concitoyens au massacre pendant des années, ils avaient fini par se résoudre à enterrer la hache de guerre, le premier pour éviter une défaite inévitable, le second parce qu’il sa savait gagnant. Seul le vainqueur avait alors refusé le prix. Plus récemment, Barack Obama, en revanche l’a accepté lorsque les Nobel l’ont distingué en raison de son œuvre pacificatrice future, par anticipation, en 2009. Depuis, le président américain a laissé chacun sur sa faim, de renoncement à agir sur le conflit israélo-palestinien, en exacerbation du conflit ukrainien… incapable jusqu’ici de fermer la prison indigne de Guantanamo, d’empêcher le massacre du peuple syrien, avant d’établir le record du nombre d’éliminations extra-judiciaires de personnes plus ou moins suspectes de terrorisme, et liquidées par des drones sans autre forme de procès dans les montagnes pakistanaises ou au Yémen.

Donc ce coup-ci, on ne peut dire que: chapeau les Nobel! Et espérer que cela rappelle aux dirigeants occidentaux qu’ils ne sont pas quitte vis à vis des Tunisiens. La toute jeune démocratie tunisienne est en danger, elle a besoin d’aide. Parce que les terroristes islamistes tentent de l’asphyxier. Elle est au centre de leur collimateur, car ils savent qu’un succès démocratique laïque dans un pays musulman, pourrait ruiner leur business de la mort. Ils ont besoin d’un échec des Tunisiens, comme nous avons besoin de leur succès. Alors qu’attendent les pays occidentaux pour aider massivement la Tunisie? Pour éviter qu’elle succombe à la menace terroriste et à la crise économique et donc sociale qui en résulte. Il faut aider les Tunisiens, d’urgence. Si c’est le message que fait passer la décision des Nobel, et s’il est entendu de tous, alors les Suédois auront largement justifié l’existence de leur prix.