Encore merci Monsieur George W. Bush !

On vient d’apprendre que George W. Bush allait s’investir plus à fond dans la campagne présidentielle de son frère Jeb qui a du mal à convaincre. On peine à croire que cela soit un élément positif pour les électeurs américains, car jamais l’étendue du désastre qu’il a provoqué n’avait été aussi flagrante. La guerre qu’il a initié en Irak a engendré un conflit total, impitoyable, absurde, ubuesque, dont tous les habitants de la région sont en train de faire les frais.

Une guerre absurde dans laquelle on ne sait plus où est le front, qui est ennemi de qui, qui soutient qui et pourquoi… où la seule certitude est l’identité des victimes: les populations civiles. Les hommes, femmes, enfants, qui vivent encore comme des ombres improbables dans les décombres des villes syriennes, sous la férule des barbares de Daech, ou les bombes que lâchent sur eux les avions d’on ne sait quel pays prétendument ami du leur…  Qui ne sont même plus protégés par les murs des hôpitaux. Ceux et celles aussi qui ont réussi à fuir et tentent de survivre à la faim dans les camps de réfugiés de la région, 2 millions en Turquie, au moins un million au Liban, ou viennent s’échouer près de chez nous contre le mur de l’égoïsme européen.

Une guerre dans laquelle tout le monde dit vouloir la paix quand chacun fait la guerre. Assad contre son propre peuple. La Russie contre les opposants d’Assad. Daech contre tous ceux qui ne se soumettent pas à sa loi. Les Iraniens contre les ennemis sunnites d’Assad. Les Kurdes contre Daech et les opposants d’Assad. Les Turcs contre les Kurdes et accessoirement Assad. Les Saoudiens contre Daech et le régime syrien. Les occidentaux contre Assad et Daech… Cette région était connue pour être une poudrière, en raison de frontières héritées de la colonisation, de dictatures peu éclairées, de conflits religieux latents, de répartition inégale de la manne pétrolière, de pauvreté des populations… le grand artificier Bush a déclenché le feu d’artifice. Et l’explosion est multiple et totale.

Au début du conflit on pouvait penser qu’une solution politique pourrait être trouvée en appuyant l’opposition démocratique au dictateur Assad et en raisonnant le régime pro-américain de Bagdad, pour l’obliger à prendre en compte la minorité sunnite d’Irak. Trois ans et 150 000 morts plus tard… plus personne ne peut prédire une issue. La guerre en Syrie n’est plus une guerre civile depuis longtemps, elle est devenu le lieu d’expression de toutes les tensions de la planète. Chacun vient ici prendre sa revanche contre l’adversité, chercher une reconnaissance, ou affirmer son leadership, dans le sang des peuples de Syrie et d’Irak.

A chacun son objectif. Pour les occidentaux, la priorité c’est bien sûr de se débarrasser de  Daech qui les menace chez eux, mais en évitant de se laisser entraîner dans un nouveau conflit sur le terrain moyen-oriental. Obama semble maintenant plus préoccupé de préparer sa sortie politique que de sauver les Syriens. Pour les russes, l’opportunité est offerte à la fois de profiter de l’affaiblissement de l’hégémonique Amérique en montrant sa force, et d’empêcher les alliés des Etats-Unis dans la région, Arabie-Saoudite, Turquie et Pays du Golfe qui ont armé les opposants à Assad, de prendre l’ascendant. Pour les Kurdes, les seuls à combattre réellement Daech sur le terrain, l’objectif est dorénavant d’aboutir, à l’issue du conflit, à la création d’un Etat à part entière. Ce qui fait un excellent but de guerre pour les Turcs, en proie depuis la nuit des temps à la rebellion des Kurdes dans leur pays, et qui ne laisseront pas un état Kurde s’installer à leurs frontières. Quant aux Iraniens, qui sont revenus dans le jeu international à la faveur de l’accord sur le nucléaire, le soutien sans faille à l’allié syrien permet de damer le pion à l’ennemi historique saoudien en se réaffirmant comme la principale puissance régionale.

Les buts de guerre de chacun s’enchevêtrent ainsi pour donner un jeu d’alliances souvent incompréhensible. Après les avoir encensés et armés, les occidentaux sont prêts à abandonner les kurdes dans les griffes turques, pour qu’Ankara accepte de contenir dans ses camps le flux de réfugiés qui se rue vers l’Europe. Les russes favorisent la progression de Daech en concentrant leurs attaques sur la coalition d’opposition plus modérée combattue tant par le régime syrien que par les terroristes d’Etat Islamique. La Turquie parle de s’allier à l’Arabie Saoudite pour lancer une opération terrestre en Syrie contre Daech, dont on a bien compris qu’elle lui permettrait principalement de “sécuriser” la zone convoitée par les Kurdes. Et les civils continuent de tomber sous les bombes des uns et des autres. Le chaos militaire est tel que lorsqu’un hôpital syrien est détruit par un bombardement qui achève les blessés, russes et américains peuvent s’en renvoyer la responsabilité sans qu’on sache vraiment qui ment.

Et ce n’est peut-être pas tout. Daech, qui tire toute son énergie du chaos va tenter, n’en doutons pas de précipiter d’autres pays dans la guerre. Israël par exemple, qui ne peut qu’être concerné par ce qui se passe à ses frontières et le risque d’une éventuelle prise de contrôle d’Etat Islamique sur la bande de Gaza. Et tous les pays où le mouvement islamiste parviendra à installer sa terreur.

Pendant ce temps là, l’Europe se réunit. Sous la pression des réfugiés. Et oublie toutes ses prétentions humanistes pour ressortir les barbelés… Encore merci Monsieur George W. Bush!

 

1 réflexion sur « Encore merci Monsieur George W. Bush ! »

  1. Le dernier petit du clan des Buch n’a pas été très bien inspiré en faisant appel à son aîné George : il a renoncé à continuer sa campagne !

    Cela lui fera des économies et évitera le ridicule aux USA!

    Comme on dit chez moi, baraka le ridicule Trump! (baraka ici = basta, assez)

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