Le remords d’Obama…

Un coup de pied de l’âne ne suffira hélas pas à masquer huit années d’impuissance. En décidant de s’abstenir au conseil de sécurité lors du vote d’une résolution condamnant la politique de colonisation des territoires palestiniens par Israël, les Etats-Unis ont “lâché” leur allié israélien, jusqu’ici protégé des initiatives hostiles à l’ONU par le bouclier du véto américain. Mais ce “lâchage” d’Obama intervenant à quelques semaines de son départ de la Maison Blanche, en manière de remords, ne devrait guère porter à conséquence. Donald Trump, le nouveau président élu, avait tenté en vain de convaincre Obama de bloquer la résolution de son véto, et a déjà annoncé qu’il agirait pour sa part différemment. C’est sans doute un coup de semonce sans frais pour Benjamin Netanyahu, et une bien faible revanche pour un président américain humilié pendant ses deux mandats par un premier ministre israélien, comme aucun de ses prédécesseurs ne le fut. Depuis l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche, Netanyahu n’a eu de cesse de prouver que celui-ci ne pouvait influer d’aucune manière sur sa politique. Bravant l’administration américaine en poursuivant sans vergogne une politique de colonisation sans issue. Allant même jusqu’à dénoncer lui-même, devant le Congrès américain, l’accord conclu par le président américain avec l’Iran.

Retour en arrière. A l’automne 2009, Barack Obama reçoit à Oslo le prix Nobel de la Paix. D’une certaine manière, et c’est une nouveauté, de façon “préventive”. Après les excès belliqueux de George W. Bush, les jurés du Nobel ont sans doute l’impression, en distinguant le président des Etats-Unis fraichement élu, de mettre la pression sur les Etats-Unis pour une inflexion de leur politique en faveur de la paix. Pour justifier ce prix, Obama n’a plus qu’à se mettre au travail… Les Nobel ne sont pas seuls à y croire. Au même moment, Elie Barnavi, ancien diplomate israélien, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel Aviv, lance un appel au président américain. Dans un livre intitulé “Aujourd’hui ou peut-être jamais”, il exhorte Barack Obama à se montrer à la hauteur de l’Histoire, et à se rendre à Jérusalem, pour imposer une “paix américaine” entre Israéliens et Palestiniens. Une paix qui garantisse une sécurité durable aux Israéliens et un état indépendant aux Palestiniens.

Huit ans plus tard, on est évidemment loin du compte. Jamais sans doute la paix entre les deux camps n’aura paru aussi éloignée. Israël s’enfonce peu à peu dans une logique d’apartheid, inévitable, dans le projet de grand Israël défendue par l’entourage d’extrême droite du premier ministre Netanyahu, qui prétend à l’extérieur être favorable à un Etat Palestinien, tout en faisant à l’intérieur de son pays tout ce qu’il peut pour saper définitivement cette perspective, avec l’aide imbécile et criminelle d’une poignée d’extrémistes palestiniens. Comme l’expliquait Elie Barnavi en lançant son appel à Obama, sans état palestinien, donc dans un état binational, les citoyens israéliens finiraient par devenir minoritaires ce qui les conduirait inévitablement à la guerre civile ou à l’apartheid.

Et maintenant? Par sa réaction outrée et très excessive, le gouvernement israélien, qui condamne une décision américaine “honteuse”, tente d’allumer un contre-feu. Pour éviter que cette résolution ne débouche sur de nouvelles condamnations d’Israël à l’ONU, et ne renforce les opposants à la politique de Netanyahu. Au moment où la France tente d’organiser une conférence sur le Proche-Orient à Paris le 15 janvier, dont le gouvernement israélien craint qu’elle ne tourne à une mise en scène de la condamnation de sa politique intérieure. Conférence qui n’aura peut-être même pas lieu, puisque sa tenue est évidemment conditionnée à une participation… des Etats-Unis, qui changent de président le 20 janvier!

Huit ans après la consécration d’Obama à Oslo, la vie en paix est plus que jamais un mirage inaccessible pour les habitants de Tel-Aviv ou de Ramallah.

 

 

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