C’est le bouquet! Non contents d’afficher comme jamais la fracture irréductible qui divise leur parti, les responsables du PS se seraient en plus laissés aller à truquer les chiffres de leur primaire à la faveur de la nuit. Pourquoi? Pas pour faire gagner l’un ou l’autre des candidats, puisque chacun a vu son décompte de voix augmenter exactement dans les mêmes proportions. Sans doute juste pour gonfler la participation qui s’avérait inférieure à ce qui avait été annoncé en début de soirée… Chez les organisateurs de la primaire, on parle d’une erreur humaine… Ce n’est vraiment pas glorieux, cela dévalorise un peu plus le processus même de primaires, et vient encore souligner le naufrage de cette direction qui sous la conduite de Harlem Désir puis de Jean-Christophe Cambadélis a conduit en cinq ans le parti socialiste à la ruine.
Evidemment on ne peut tout mettre sur le dos de ces deux dirigeants. Hollande a sa part de responsabilité, au premier chef, dans la dégringolade. Comme les frondeurs, Hamon en tête. Cinq ans de quinquennat Hollande ont réduit à zéro la crédibilité électorale du parti socialiste.
A cet égard le discours de la nuit de Manuel Valls était très clair. Le mépris affiché à l’égard de son adversaire du second tour qui représente “la certitude de la défaite”, la violence avec laquelle il s’est exprimé sous le coup du camouflet que lui ont infligé les électeurs, montre qu’il est évidemment sur un chemin sans retour. Une voie qu’il avait lui-même théorisé il y a quelques mois en parlant des “positions irréconciliables” à gauche. On ne peut imaginer maintenant une réconciliation au lendemain du second tour.
Le parti socialiste va donc vraisemblablement se scinder. Si le résultat d’hier se confirme, il devrait majoritairement choisir le retour à un socialisme à l’ancienne, version lutte des classes. Encore que la ligne représentée par Hamon manque un peu de clarté dans cette optique: le passage d’une logique de redistribution -prendre aux plus riches pour distribuer aux plus faibles- à une logique de distribution générale -le revenu universel pour tous- est un glissement théorique qui ne va pas vraiment de soi. En tout cas, si le second tour confirme le premier, le parti socialiste aura entériné son rejet du socialisme de gouvernement version Hollande et Valls. Ce qui ne tombe pas si mal, puisque c’est évidemment dans ce cas une cure d’opposition qui lui est promise.
Et après? On devrait assister à un retour en force de Martine Aubry, qui a déjà annoncé son soutien à Hamon et retrouvera ainsi, débarrassée de la contrainte d’une solidarité d’apparence avec le gouvernement, ce ministère de la parole où elle est si à l’aise. Le parti socialiste reviendrait chasser sur les terres du Front de Gauche de Mélenchon, tandis que les vallsiens et hollandais du PS devraient en toute logique rallier Emmanuel Macron, qui demeurerait la seule offre politique proche de leurs aspirations. A moins bien sûr que d’un tour à l’autre de la primaire le balancier change de côté, ce qui reste pour l’heure assez peu probable, malgré l’énergie du désespoir déployée par Manuel Valls, qui aura si le résultat d’hier se confirme poussé Hollande dehors… pour faire la place à Hamon et Aubry.
très belle analyse ; avec Hamon et ses amis le PS se prépare a trente ans d’opposition voire plus !!! les frondeurs et autres glandus de la gauche de la gauche ont tapé sur la politique” de droite” de Hollande ; avec Fillon ils verront vraiment ce que c’est une politique de droite !!!
Après moi, le déluge… Merci Michel pour cette probante synthèse !
PS : Passé Souriez !