Fillon fait son malheur tout seul!

Les jours se suivent et la campagne électorale continue à s’enliser dans les affaires. Chaque jour apporte sa nouvelle révélation, son nouveau couac. Avec une cible principale, François Fillon, qui commence à ressembler à une étude de cas pour étudiants en droit.

Mais y-a-t-il un chef d’orchestre derrière la cacophonie ? Pour Fillon et ses amis, pas de doute, c’est le pouvoir. La théorie du complot réapparait à chaque nouvelle révélation. Luc Chatel l’a resservie hier dans un communiqué d’une violence et d’une mauvaise foi rares. C’est évidemment peu crédible. Le “cabinet noir” de l’Elysée qui orchestre les attaques n’existe probablement que dans les fantasmes des Républicains. Ce n’est en tout cas pas lui qui tenait la main de Fillon lorsqu’il signait les contrats de son épouse ou ses enfants, ni qui lui fournissait des costumes de luxe en cadeau, qu’il s’empressait d’accepter, contre le bon sens le plus élémentaire, en pleine “affaire Pénélope”. Ni lui enfin qui versait des bakchichs à l’ancien premier-ministre, pour qu’il use de son influence politique. Le seul chef d’orchestre, c’est Fillon lui-même.

Reste une interrogation légitime du candidat sur les violations à répétition du secret de l’instruction. Il n’est pas contestable que l’enquête le concernant se déroule quasiment à ciel ouvert. Il est tout aussi exact que ce secret fait pourtant partie des droits fondamentaux qui protègent le justiciable, au même titre que la présomption d’innocence qui va avec. Et évidemment compte-tenu de la période, ce non-respect des règles d’équité concernant son candidat parait inadmissible à la droite qui se voit possiblement écartée de la course à l’Elysée dès le premier tour, et imagine déjà, ou feint d’imaginer, les agents secrets de Hollande fouillant la nuit dans les dossiers des magistrats, pour fournir les informations à la presse et nuire à son champion.

Mais imaginons un instant la situation inverse. Que dirait-on d’une justice qui cacherait à la nation que le candidat qu’elle se prépare à porter à sa tête pour cinq ans est suspecté d’être malhonnête? De magistrats qui, au nom du code de procédure pénale, dissimuleraient des informations aussi essentielles? Et conduiraient ainsi les électeurs à se prononcer à l’aveuglette. N’y a-t-il pas là un devoir bien supérieur au simple respect des règles de l’instruction: alerter le peuple de faits qu’il ne peut pas connaître et qui seraient susceptibles d’influer sur le destin de la Nation toute entière! Oui, on peut considérer, au nom de la démocratie, que particulièrement en période électorale la violation du secret de l’instruction, et donc de la présomption d’innocence, peut être légitime. De la part des magistrats. Comme évidemment de la part des journalistes qui accèdent à l’information. Les électeurs ont le droit de savoir avant de voter!

Bien sûr c’est dommageable pour celui qui est concerné. Incontestablement la campagne de Fillon aura été anéantie par les soupçons pesant sur lui. Il n’est pas douteux que s’il ne parvient pas à l’Elysée il le devra principalement aux malversations et autres tricheries et mensonges dont il est accusé.

Mais pas seulement! Il sait aussi faire son malheur tout seul sans l’aide de personne, comme on le voit dans sa déclaration de patrimoine -dont il est le seul auteur- et qui fait apparaître qu’il doit emprunter de l’argent à sa fille pour payer ses impôts! Un père, ayant un emploi très bien rémunéré, député, et qui fait payer ses impôts par ses enfants… Quelle image désastreuse pour un prétendant à la présidence de la Nation!

 

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