Bayrou-Macron: 48 heures chrono, du divorce aux noces d’or!

Emmanuel Macron n’aura pas tardé à être rattrapé par la cuisine politicienne. Et ce n’est pas surprenant. Les difficultés rencontrées depuis deux jours sont à la mesure du défi: présenter un candidat dans chaque circonscription en réalisant la parité parfaite, hommes-femmes, en investissant au moins 50% de gens venus de la société civile, en tendant la main à la droite modérée comme ou parti socialiste, en repoussant toutes les candidatures d’élus ayant déjà effectué deux mandats, en s’assurant que chacun des candidats ait un casier judiciaire vierge… et en satisfaisant l’allié Bayrou! Les coéquipiers du président ont déjà bien du mérite d’être parvenu à sortir une liste de 428 candidats comportant 52% de candidats issus de la société civile, respectant la parité et de 42 ans de moyenne d’âge. Mais inévitablement, il y a eu quelques bavures. Mourad Boudjellal, le président du Rugby Club Toulonnais, avait repoussé l’offre de candidature et est resté sur la liste… Tel candidat aurait émis des tweets antisémites, tel autre aurait un casier judiciaire chargé… Et surtout, surtout, François Bayrou a piqué une colère.

Cela fait évidemment mauvais genre. Depuis le renoncement de Bayrou à être candidat à la présidentielle et son ralliement à Macron, c’était entre eux la véritable lune de miel. On les avait vu s’embrasser à l’issue du débat du second tour, le vétéran du centrisme semblait littéralement couver son cadet. Et puis patatras, c’est le psychodrame. Et l’on passe en quelques jours des fiançailles heureuses au divorce complet, puis aux … noces d’or, sonnantes et trébuchantes.

Pourtant, lors de son renoncement à la présidentielle, François Bayrou avait affirmé la main sur le cœur: “Je n’ai jamais discuté de circonscriptions avec Emmanuel Macron” et “je ne suis candidat à rien”… Mais le patron du Modem affirmait ces derniers jours que Macron avait pris un engagement auprès de lui pour 120 candidats de son mouvement. Or dans la liste présentée initialement, il n’y en a que 35. Dans l’équipe d’En Marche, on précise que l’on a retenu tous les candidats qui avaient les qualités requises, et que sur la liste proposée par Bayrou, un majorité des noms ne correspondaient pas aux critères de sélection de la commission d’investiture, en particulier elle comptait beaucoup de professionnels ou semi-professionnels de la politique ayant dépassé la limite des 3 mandats successifs. Evidemment, la déception de Bayrou était à la mesure de ses espérances folles. Passer, en s’évitant une course présidentielle perdue d’avance, d’un député à une centaine… Un véritable coup de casino! Et qui devait rapporter gros. A un peut plus de 40000 euros par député, c’est un pactole inespéré que pouvait engranger son parti le Modem, dans le cadre du financement des partis politiques.

Alors, excès de convoitise de François Bayrou? Première promesse trahie du Président de la République? Manque de professionnalisme de la commission d’investiture de la République En Marche? Pendant 48 heures, l’affaire a ramené brutalement la dynamique présidentielle au niveau du bitume. Mais les deux hommes ont trouvé une solution. “Un accord solide et équilibré”, selon les mots de Bayrou. En attendant d’en connaître le détail on peut imaginer que Macron a lâché quelques circonscriptions supplémentaires au Modem.

Bayrou, qui jurait être désintéressé, et ne rechercher que le bien du pays, en sort un peu mieux loti, mais pas forcément grandi. Son marchandage à l’ancienne fait un peu tâche sur l’ambition de renouveau de la vie politique qu’il affiche. Mais surtout, il annonce la couleur, et sans doute des lendemains difficiles pour la majorité présidentielle, si elle sort des urnes. Il veut un groupe parlementaire distinct de celui de Macron pour pouvoir peser demain sur les choix politiques de celui-ci. Pour le meilleur… comme pour le pire!

 

1 réflexion sur « Bayrou-Macron: 48 heures chrono, du divorce aux noces d’or! »

  1. C’est vrai que la Palois nous a fait un peu peur mais tout de même, En marche, nouvelle organisation ne s’en sort pas mal du tout et les difficultés sont aplanies plutôt rapidement – comme le renoncement exemplaire – de Gaspard Gantzer. Comme Georges Marchais, on dira que les débuts d’En marche sont globalement positifs ! Macron fait preuve de réactivité et de pragmatisme et sa stratégie a été éclairée ce matin dans l’émission répliques de Finkielkraut sur France culture. Edouard Philippe ou Sylvie Goulard ou Pascal Lamy comme cerise sur le gâteau comblerait tous mes vœux ?

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