Mais qui a tué le parti socialiste? Quel mécanisme peut expliquer que le PS soit passé de 30% des voix au premier tour de la législative de 2012 à 7,5% cinq ans après.
Bien sûr on a tout de suite envie d’invoquer le contexte. La percée fulgurante du macronisme, dont le PS a été la première victime. On peut imaginer en effet qu’En Marche a littéralement aspiré une grande partie des électeurs socialistes. Mais Macron n’est pas un magicien, et les électeurs pas des benêts. Si les électeurs traditionnels de la gauche ont lâché le PS c’est d’abord parce que celui-ci ne les faisait plus rêver.
Evidemment la première responsabilité incombe au premier des socialistes, l’ex-président de la République, celui qui se trouvait il y a cinq ans à la tête d’une majorité absolue à l’Assemblée, qui bénéficiait d’une majorité sénatoriale également acquise à sa cause. A l’époque la plupart des régions et départements de France étaient tenus par les amis et soutiens de François Hollande. Les grandes villes également… Bref, le président élu en 2012 avait tous les atouts dans son jeu. Il les a tous gâchés. Comment? Pourquoi?
Evidemment, chacun au PS voit midi à sa porte, et renvoie la faute sur les autres. Si l’on écoute les frondeurs, l’effondrement est la conséquence du changement de politique de François Hollande, qui, élu sur des idées de gauche, aurait mené ensuite une politique de droite, après avoir placé Valls à Matignon, l’apothéose de cette “trahison” étant bien sûr la loi travail. Les électeurs auraient ainsi déserté le PS qui n’était plus assez à gauche à leur goût… Et ils se seraient reportés sur Emmanuel Macron? Evidemment l’explication ne colle pas. Trop simpliste. Si cette raison était la bonne, c’est la France Insoumise qui se préparerait à gouverner… Non. S’il n’est pas douteux que Hollande ait déçu ses électeurs, l’explication est sans doute plus complexe que ce que veulent croire les Hamon, Filipetti et autre Gérard Filoche… Plus complexe aussi que celle qu’avancent les vallsistes et hollandais qui remettent toute la faute sur les frondeurs du PS.
En fait on peut assez bien imaginer que les électeurs conservés par le PS, les 6,35% de Hamon, que l’on retrouve, à peu près, dans les urnes de dimanche dernier, sont précisément ceux qui ne voulaient pas de la politique libérale du couple Hollande-Valls. L’éviction des deux chefs de l’éxécutif lors de la primaire de la gauche a selon toute vraisemblance réduit le PS à sa fraction la plus anti-libérale, la plus hostile aux compromis qu’exige l’exercice du pouvoir, les plus radicaux ayant pu rallier la France Insoumise suite à l’excellente campagne présidentielle de Mélenchon. Quoi qu’il en soit, l’étiage actuel du PS est à quelque chose près, probablement représentatif de ce que pesaient les frondeurs dans le parti. La désignation d’Hamon à la primaire, et la campagne qu’il a menée, ont eu un effet de centrifugeuse, chassant vers l’extérieur une grande partie des militants et électeurs qui n’étaient pas sur une ligne de rupture.
Cela n’exonère pas pour autant Hollande. Comme patron de la gauche de gouvernement, il aurait dû veiller à l’unité de sa famille politique, à son soutien. Comme président “normal”, il a sans doute imaginé qu’il devait s’en désintéresser. Il a laissé successivement Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis en prendre la tête! Deux personnalités sans relief, incapables d’éviter que le PS ne devienne une pétaudière incontrôlable. Du coup Hollande qui disposait théoriquement d’une majorité écrasante, a été le premier président de la 5eme République à subir régulièrement pendant son mandat les attaques venues de son propre camp. Non seulement le PS n’a jamais cherché à expliquer l’action du gouvernement ni à fortiori à la promouvoir, mais en plus, les critiques les plus sévères, les attaques les plus définitives, sont venues de ses rangs. Jusqu’à ces invraisemblables ébauches de motions de censure venues de l’intérieur du parti.
A la décharge des responsables du PS, incapables de “vendre” l’action du gouvernement, on pourra noter qu’Hollande a tellement mal géré sa propre communication qu’il a contribué, de promesses irréalisables sur l’emploi en fiasco sur la déchéance de nationalité, de sorties nocturnes en scooter en confidences improbables livrées aux journalistes, à dégrader lui-même sa propre image.
Mais la politique n’est pas qu’affaire d’image. Si le partie socialiste en est où il en est, c’est aussi parce que Hollande a laissé passer les opportunités historiques qui se présentaient à lui. Relancer la construction européenne en la sortant de la logique punitive dans laquelle le ministre des finances allemand la maintient, et, surtout, apporter une réponse digne à la crise migratoire, en se plaçant résolument aux côtés d’Angela Merkel dans la défense du droit d’asile en Europe. Sur ces deux chapitres, il n’a pas été à la hauteur des valeurs dont son parti prétendait être dépositaire. Incapable de s’opposer à l’Allemagne lorsqu’elle se soustrayait au devoir de solidarité européenne, incapable aussi de la soutenir lorsque sa chancelière tentait de résister, au nom de valeurs communes, à la pression du populisme. Dans les deux cas il a renoncé, et ce double renoncement pèse sans doute lourd dans la perte de crédit de son parti.
Mais au delà des manquements de l’ex-président, ce qui explique sans doute, au fond, l’effondrement du parti socialiste, c’est une double incapacité.
Primo, son refus de fond d’assumer la conduite des affaires. Le parti socialiste ne s’est jamais véritablement transformé en parti de gouvernement, même si l’habileté politique de François Mitterrand a pu un certain temps donner le change. On l’a vu avec Jospin traité par une partie de son camp comme un traitre en 2002. Avec Ségolène Royal, seule ou presque dans son combat contre Sarkozy. On l’a vu plus encore au cours du quinquennat écoulé. Le fond culturel du parti socialiste, c’est l’opposition. Les compromis nécessaires pour exercer le pouvoir sont toujours très mal passés auprès des militants. Les socialistes ont du mal à accepter que la rue de gauche soit contre eux. Que les syndicats leur reprochent de collaborer avec le patronat. De ne plus être du “bon” côté de la barrière dans cette lutte des classes à laquelle au fond ils croient toujours. Or les électeurs attendent d’un parti politique qu’il puisse gouverner sans état d’âme avec la seule ambition de faire progresser le pays.
Deuxième problème: l’incapacité du PS à remettre en question son propre fonctionnement. Malgré toutes les alertes, les socialistes n’ont pas vu venir le ras le bol des électeurs. Ras le bol des petits arrangements entre amis, des carrières politiques à vie, du nombrilisme politicien, d’une certaine perte de sens moral chez les élus… Mais aussi d’un fonctionnement de plus en plus coupé de la réalité du pays, fondé sur l’entre soi, la cooptation, l’auto-reproduction des élites… Le PS n’a pas su donner lui-même le coup de balai nécessaire, il a donc été balayé.
Et maintenant? Ceux qui restent vont tenter de se refaire une santé dans l’opposition. Mais ils devront pour cela rivaliser avec le parti de Mélenchon, qui a maintenant une longueur d’avance. Ceux qui avaient commencé à s’éloigner d’un parti devenu le parti des frondeurs, vont sans doute rallier temporairement le camp du nouveau président pour reprendre des forces, et tenter de reconstituer un parti social démocrate… Mais le ni-droite ni-gauche de Macron va rendre bien difficile la renaissance d’une gauche de gouvernement crédible.
Je suis assez ébahi que les micros se tendent encore vers un type comme Gérard Filoche l’idiot utile qui croit que les français veulent plus de gauche et trimballe ses bajoues tremblotantes d’indignation vers tous les micros qui se présentent ; et pendant ce temps sa fifille cumule en silence toutes les prébendes électives et postes associés dans le silence du papa §§§§