Fake news: pas de loi sur la vérité!

Faut-il légiférer contre les “fake-news”? La question est posée après les vœux à la presse d’Emmanuel Macron. Doublée d’un corollaire: est-il possible d’empêcher leur diffusion?

Il ne fait pas de doute que la multiplication des fausses nouvelles et leur diffusion virale par les réseaux sociaux est une menace pour la démocratie. Qu’elle revêt un caractère criminel, lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre d’un plan volontaire, ourdi par un pays tiers, pour faire obstacle à l’expression démocratique. Ce fut probablement le cas pour l’élection américaine de Donald Trump. Il y eut manifestement des tentatives du même type, venues elles-aussi de Russie, lors de l’élection présidentielle française. Mais enfin, ce ne sont pas les manœuvres supposées des armées de l’ombre de Poutine qui ont fait de Hillary Clinton une mauvaise candidate, incarnant le passé, et une forme de politique politicienne dont les américains apparemment ne voulaient plus. Pas non plus les russes qui ont dicté à une partie des américains blancs leur volonté d’oublier les deux mandats d’Obama, d’en effacer “l’affront”, en choisissant son exact contraire comme président. Quand à la présidentielle française, les fausses nouvelles diffusées par les sites “d’informations” pro-russes à propos d’Emmanuel Macron, n’ont pas empêché les électeurs de le porter à l’Elysée. Au final, la démocratie est plus forte que les fake-news.

Voilà pour les fake news organisées, réellement complotistes. Restent les autres. Toutes ces fausses nouvelles que les uns et les autres diffusent sur internet, pour étayer et justifier leurs choix militants, dénigrer leurs adversaires, ou simplement faire du buzz et gagner des abonnés sur twitter… Ils le font plus ou moins de bonne foi, en trichant un peu sur les faits, beaucoup sur les dates, en dissimulant leurs sources, en faisant mine d’ignorer la contradiction, en extrayant les citations de leur contexte… Ils font du mal à ceux qu’ils dénigrent, c’est évident. Ils induisent en erreur les moins informés, c’est sûr. Ils manipulent les plus crédules, parfois. Ils profitent du formidable multiplicateur de mensonges que leur offre internet.

C’est grave docteur? Oui, bien sûr. la diffusion de fausses nouvelles n’en est jamais une bonne. Mais internet n’a pas rendu soudain l’ensemble des citoyens imbéciles. Est convaincu qui veut croire. Se laisse dicter son avis qui est faible. Exactement comme avant internet. Une loi ne rendra pas les gens moins crédules, ni les amateurs de complots plus critiques.

La vraie réponse, c’est celle qu’ont apportée les médias en dédiant des journalistes à la traque des “fake-news”. Les rubriques “désintox” des journaux, comme les sites spécialisés, offrent au citoyen moyen, qui a le souci de ne pas se laisser intoxiquer, la possibilité de faire le tri. Et le travail de ces traqueurs de mensonges est rendu possible et efficace par la puissance… d’internet. Le réseau a sécrété son propre antidote. Et c’est très bien comme cela. Lorsque tel ou telle chroniqueur(se) déforme un propos en l’extrayant de son contexte pour faire du buzz, internet permet de resituer immédiatement la petite phrase par qui le scandale arrive dans son environnement, en quelques clics. Lorsqu’une photo truquée est diffusée sur la toile, l’antidote (l’original) est également à portée de souris. Les moyens de savoir sont là, sur la toile, chacun est libre de s’en saisir ou de se laisser submerger par le buzz.

La réponse proposée par Emmanuel Macron est la plus attendue, et la plus dangereuse aussi. Il n’appartient pas à l’Etat de décider ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Pas non plus de décider du degré de mauvaise foi tolérable dans la diffusion d’informations dont par définition aucune n’est une vérité absolue et incontestable? Ce n’est pas au législateur, ni même au juge, à fortiori pas à la police, de démêler le vrai du faux. La loi encadre déjà de façon suffisamment restrictive la liberté d’expression. Le seul garde-fou qui vaille face à la diffusion de fausses informations, c’est le libre jugement. Personne n’est obligé de croire!

1 réflexion sur « Fake news: pas de loi sur la vérité! »

  1. Ce n’est pas Macron qui va décider mais les juges avec la possibilité des les saisir très rapidement : en référé ?
    Le Monde fait son travail avec DECODEX et met un programme à la dispposition de tous pour évaluer le niveau de crédibilité des sites !
    La contre-attaque est en route et les virtuoses du “bruit de chiottes” vont devoir se teir à carreau. Enfin !

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