Une fois de plus nous voilà plongés dans le drame, l’horreur… et la polémique. L’assassinat de sang froid de 4 personnes à la préfecture de police par un “fou”, de dieu ou d’autre chose, est totalement insupportable. D’autant plus insupportable qu’il se produit dans un lieu qui devrait être un havre de sécurité, au cœur même de notre dispositif de lutte contre le terrorisme.
D’où l’émotion, et la polémique. Comment se fait-il? Qu’on n’ait pas pressenti le drame avant qu’il arrive, que le ministre de l’Intérieur n’en ait rien su, qu’on puisse donner accès aux dossiers de la lutte anti-terroriste à quelqu’un qui n’aurait en 2015, pas condamné l’attentat contre Charlie Hebdo, qui, parait-il, ne serrerait plus la main des femmes… On veut une enquête parlementaire, ou judiciaire, ou les deux, le ministre doit démissionner, il nous faut des responsables! Et le gouvernement, pris en défaut, promet de renforcer les outils de “détection d’éventuels signes de radicalisation” parmi les personnels de la préfecture de police.
Quand rationalité et humanité sont anéantis par la fureur meurtrière
En fait, pour prévenir, il faudrait d’abord comprendre. Analyser ce que sont ces “trous noirs” qui de temps à autre apparaissent dans l’actualité de nos sociétés pourtant si raisonnables, contre toute attente logique, engloutissant toute rationalité, pour laisser la place à la folie meurtrière d’un individu qui décide d’anéantir des gens autour de lui au nom d’une exigence supérieure au respect de la vie, d’une haine que seule la violence et la mort peuvent satisfaire, et qui signe ainsi son passage dans une autre dimension. Un autre côté où il n’y a plus de valeurs morales, où la rationalité comme l’humanité elle-même ont disparu, anéanties par une fureur meurtrière qui ne doit, dès lors qu’il y a passage à l’acte, plus rien à aucune cause imaginaire ou réelle, mais tout à l’anéantissement de l’humain chez l’individu. Et le diagnostic est le même qu’il s’agisse de l’acte d’un terroriste islamiste, d’un suprémaciste blanc, ou d’un antisémite.
La tentation est forte, évidemment, de confondre le discours de pacotille des terroristes et la cause de leurs actions. De considérer que l’acte terroriste, qui ne peut par essence être rattaché à aucune démarche rationnelle, résulte d’une forme de croyance religieuse excessive, quant celle-ci n’est que la justification commode du basculement dans la folie meurtrière, et la quête de sens d’un acte d’auto-destruction. De prendre en quelque sorte l’effet pour la cause. Et donc de se lancer dans la traque des signes extérieurs de radicalisation chez les gens qui pratiquent la religion musulmane, en espérant enrayer ainsi le terrorisme. A partir d’un syllogisme simple: tous les musulmans ne sont pas des terroristes islamistes, mais tous les terroristes islamistes sont musulmans, donc la lutte contre le terrorisme commence par une mise sous contrôle de l’islam.
Dangereuse dérive
En joignant cette déduction au sacro-saint principe de précaution, on en vient à la préconisation de la détection systématique de toute tendance à la radicalisation des musulmans, en amont de tout acte illicite. En clair, si vous êtes musulman, il deviendrait légitime pour la puissance publique, mais aussi pour votre employeur, vos amis, votre famille de surveiller avec attention tout signe qui pourrait laisser supposer qu’une radicalisation de votre islam est en cours… Signe qui devrait évidemment être signalé au plus tôt aux forces de police. Ne plus oublier de serrer la main d’une femme dans la rue, ne pas prier en dehors des lieux de culte, ne tenir aucun propos ambigu qui puisse laisser entendre qu’on n’est pas vraiment “Charlie”, éviter les déclarations anti-israéliennes… Pour éviter de créer la suspicion. La mise sous surveillance des musulmans serait-elle le prix à payer du principe de précaution?
N’exagérons rien! Il ne s’agit pas de surveiller tout le monde mais seulement ceux qui sont à des postes sensibles. A la préfecture de police par exemple. L’idée que des individus se trouvant potentiellement au bord de la bascule vers la folie meurtrière puissent travailler dans un service chargé de lutter contre le terrorisme est évidemment insupportable. On va donc demander aux responsables de la police de traquer de façon encore plus intense les éventuels potentiels radicalisés dans leurs rangs. Par précaution! Mais ce qui est vrai pour la police ne l’est-il pas aussi pour nos enfants? Ne doit-on pas être encore plus vigilant pour dépister à temps l’éventuelle radicalisation d’enseignants? Et plus globalement dans toutes les administrations… Sachant que la radicalisation, on l’a déjà vu, peut arriver à tout moment.
C’est ainsi, partant de la volonté de sécurité et du principe de précaution, qu’une logique implacable pourrait nous conduire, si nous nous laissions entraîner, si notre nation perdait son sang-froid face à une poignée de terroristes potentiels, à limiter l’accès des musulmans à la fonction publique! Pas par haine, non! Juste par principe de précaution! Ca ne vous rappelle rien?
“Mise sous contrôle de l’Islam”, cela veut simplement dire que toute religion doit respecter les principes de la République, les principes de notre chère laïcité.
Notre République garantit la liberté de culte (ou de ne pas avoir de religion), c’est
fondamental et, hélas, très peu répandu dans le Monde.
Pour toutes les religions, je revendique le droit d’être INTEGRISTOPHOBE. C’est
l’intégrisme qu’il faut combattre avec vigueur, pas telle ou telle religion.
Avoir un regard très rigoureux, très critique envers les islamistes, ce n’est pas faire
preuve d’islamophobie contrairement à ce que le “politiquement correct” veut nous
faire croire.
Combattre l’intégrisme ne devra jamais être un comportement qui oublierait nos
valeurs républicaines, on ne combat pas l’intégrisme en utilisant des méthodes qui
remettraient en cause notre état de droit.