Tout est affaire de décor !

Quels temps déraisonnables! Nous sommes entrés dans une ère de relativisme généralisé. Tout est possible, tout est équivalent, aucune vérité n’est plus certitude, mais simple opinion. Le réel n’est plus que la partie émergée que donnent à voir nos écrans, d’un iceberg inconnu soumis à des courants profonds obéissant à des logiques mécaniques et occultes qui nous dépassent et ne peuvent qu’échapper aux humains qui n’ont accès qu’à la surface des choses.

C’est la défiance généralisée. Défiance envers les dirigeants -mais ça n’est pas vraiment nouveau- qui ont forcément été mis à leur place, à l’occasion de simulacres démocratiques, par des forces occultes dont ils défendent aveuglément les intérêts. Défiance envers les entreprises qui nous font vivre, mais ne peuvent poursuivre qu’une logique, celle du profit, et donc de la destruction des individus. Défiance à l’égard de la science, qui ne peut obéir qu’aux directives des puissants, et en particulier la médecine qui est forcément soumise à la loi des laboratoires pharmaceutiques et de leurs profits. Défiance à l’égard de la presse qui atteint des niveaux sans précédent, l’actualité du monde ayant disparu au profit du story-telling de chroniqueurs en quête d’audience et au déroulé de vidéos qui ont fini par se substituer au réel lui-même. Défiance à l’égard de la police bien-sûr, dont le rôle protecteur ne peut plus être reconnu, puisqu’ils sont forcément les exécuteurs des basses-œuvres de dirigeants eux-mêmes instrumentalisés par des forces occultes qui décident de notre avenir en fonction de leur propre intérêt.

Et la défiance est un monstre qui se nourrit de lui-même. Prenez un exemple d’actualité: le remède du Docteur Raoult. Dans les faits, tout le monde en principe ne pourrait que se réjouir de l’existence d’un remède efficace et pas cher contre le coronavirus, ou à l’inverse du fait que l’on évite d’administrer à des patients un produit inutile ou dangereux. Mais il y a la défiance. A l’égard des organismes chargés d’évaluer l’efficacité des médicaments, organismes bureaucratiques forcément détournés de l’intérêt public, dirigés par des fonctionnaires dépendant d’un pouvoir politique, qui a lui même été mis en place par des réseaux d’intérêts privés, dont font partie les grands laboratoires pharmaceutiques, qui ont intérêt à développer leurs propres médicaments, pour apporter des dividendes à leurs actionnaires.

Pure spéculation? Non! La preuve, c’est que le médicament du docteur Raoult n’est pas cher. Donc, s’il marchait, il nuirait aux profits des grands labos pharmaceutiques, qui fabriquent des médicament concurrents beaucoup plus chers! CQFD. Et lorsque la revue médicale Lancet, l’une des deux revues qui font référence dans le monde, publie une étude sur le sujet semblant démontrer que la Chloroquine est inefficace et dangereuse, c’est évidemment parce que des laboratoires manipulent les scientifiques dont les crédits dépendent de leur bonne volonté. La preuve? La société Blackrock, gestionnaire d’actifs, déjà soupçonnée par la “vox médiatica” d’avoir dicté au gouvernement sa réforme des retraites, possède 6% de la société éditrice du Lancet. CQFD à nouveau.

Au fait, Blackrock est aussi actionnaire de Gilead le laboratoire pharmaceutique qui chercherait à couler la solution du professeur Raoult, et possède son propre médicament le remdesivir, sur lequel le Lancet a aussi fait une étude pour démontrer… qu’il “n’a pas de bénéfice thérapeutique significatif”. C’est pas facile de s’y retrouver dans les réseaux d’influence cachés du grand capital qui régissent le monde, et qui n’hésitent visiblement pas à se montrer contradictoires pour brouiller les pistes.

Cette défiance systématique est devenue plus qu’un droit, un devoir. Et donc on peut tout dire, dans les médias ou les réseaux sociaux, sans retenue, pourvu que ce soit sur l’air du complot, façon “moi en ne me la fait pas, je sais bien ce qui se trame derrière tout ça…”. C’est ainsi qu’une chanteuse de variétés peut parler à la télévision “des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau, c’est un fait”… et réclamer illico un débat télévisé avec le ministre de l’Intérieur… Mais le plus inquiétant est sans doute dans le soutien qu’elle obtient dans sa démarche de la part d’un député de la République, Aurélien Taché, ancien élu macroniste ayant décidé de changer de parti… et donc qui en connaît forcément un brin sur le côté caché des cartes.

Pour une autre starlette, du cinéma celle là, le complot est organisé par Bill Gates lui-même, milliardaire et ex-patron de Microsoft, qui à travers sa fondation, utilise les vaccins et la 5G pour asservir le monde. Pour les souverainistes, qu’ils soient d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, et se retrouvent ou pas finalement dans le giron de Michel Onfray, le complot est ourdi à Bruxelles, voire à Maastricht (le traité qui consacra l’Union économique et monétaire européenne), les eurocrates détruisent de façon méthodique et systématique nos systèmes de santé, d’instruction, de retraite… bref nos modes de vie, et nous soumettent à la férule des fabricants d’automobiles de luxe d’une Allemagne toute puissante…

Certes le complotisme ne date pas d’hier. Avant le complot des laboratoires contre Raoult, il y en a eu d’autres, pour nous faire croire à la Shoah, ou encore à la destruction des tours du World Trade Center pour dissimuler les exactions de la CIA… et ces attentats terroristes en France pour mieux faire passer la politique de destruction sociale… et l’affaire des vaccins qui donnent la sclérose en plaque et que l’on tente de nous cacher, et ces complots permanents contre “les gens” contre “le peuple” que l’oligarchie financière veut asservir… La vraie nouveauté est que le complotisme a conquis droit de cité sur les médias grâce aux réseaux sociaux, à quelques politiciens complaisants, ou idiots, chacun reconnaîtra les siens, et aux talk-shows sans fin qui meublent les antennes de polémiques interminables sans cesse renouvelées. Une grande actrice peut aujourd’hui affirmer que les vaccins servent à implanter des micro-processeurs chez les patients et trouver une écoute. Pire, des journalistes peuvent se hasarder à défendre sans le moindre argument de fait des thèses nourrissant la paranoïa ambiante, et organiser de soi-disant débats sur de soi-disant controverses, sans perdre rien de leur crédit professionnel. Dans un monde audiovisuel où les images ne sont plus que des messages, tous les discours sont légitimes parce qu’équivalents. C’est la caméra qui fait l’expert et donc valide le discours. Toutes les théories deviennent des idées, toutes les suspicions des opinions, les affirmations des démonstrations, et les jugements des analyses. Et donc les complots des vérités cachées.

C’est ainsi, la vie politique, économique et sociale ne serait plus que le théâtre d’ombres d’un immense complot ourdi par on ne sait pas bien qui, mais de toutes façons dans l’intérêt de ceux qui possèdent tout, qu’on les appelle capitalistes, puissances financières, oligarchie, Bill Gates ou Zuckerberg, qu’on leur attribue ou pas une religion en commun, ou le simple appât du gain, et la démocratie ne serait plus qu’un artefact sans signification… Au Peuple, victime… ne resterait plus que la fièvre du samedi.

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