Islam radical: un combat de longue haleine

C’est la quadrature du cercle! Comment lutter efficacement contre l’islamisme radical sans pour autant pourrir la vie des millions de musulmans vivant en France, et souhaitant simplement pratiquer leur religion dans le respect des règles de la République? Tous les gouvernements depuis trente ans se sont cassés les dents sur le sujet. Et ont de fait laissé prospérer ceux qui prétendent placer les lois de leur religion, ou du moins l’idée qu’ils s’en font, au dessus de celles de la République.

Quelques combats ont été menés. Contre le voile à l’école, par exemple, ou contre le port de la burka dans l’espace public, mais chacune de ces mesures, vécues par les plus religieux, comme une restriction de leur liberté, a, à l’inverse de l’objectif, souvent permis aux islamistes de raffermir leur influence sur les pratiquants de leur religion, en illustrant la stigmatisation dont ils s’estimaient victimes. Et les militants islamistes ont su pousser leur avantage en maniant la provocation, comme on l’a vu à chaque tentative d’imposer le droit de porter le burkini dans les piscines, de se voiler dans les salles de sport, ou d’obtenir des horaires non mixtes dans les équipements publics… A chacune de ces provocations, les réactions d’indignation des défenseurs de la laïcité, mais aussi l’exploitation politique qui en est faite par des militants politiques de droite plus ou moins extrême tout aussi intolérants que ceux qu’ils combattent, alimentent leur discours victimaire. Au moment d’adopter de nouvelles mesures pour lutter contre cet islamisme politique, le dilemme reste entier. Le risque est réel de nourrir la propagande islamiste, donc in fine de renforcer les militants et associations les plus extrémistes, et de leur permettre d’accroitre l’influence qu’ils exercent sur leurs coreligionnaires.

Mais il ne faut pas renoncer pour autant! La République ne doit plus tolérer qu’un militant religieux puisse prétendre que sa foi le place au dessus des lois. Les pressions, chantages ou menaces contre ceux qui ne suivent pas les dogmes religieux, doivent être sanctionnés. Il n’est pas acceptable qu’un imam soit reçu dans une école publique pour s’y plaindre du contenu d’un enseignement. On ne peut pas laisser quelques émules des Frères Musulmans, organisation islamiste internationale, dicter leur loi aux femmes dans certains quartiers, ou appeler sur internet à la violence contre ceux qu’ils considèrent comme des ennemis de leur religion. Pas non plus accepter que des religieux professent publiquement leur volonté d’asservir les femmes. La loi doit s’appliquer à tous et partout. Et il faut faire en sorte que, malgré les difficultés, les enseignants puissent continuer à former leurs élèves au respect des valeurs de la République, en bénéficiant d’un soutien total, et d’une protection, de l’institution scolaire, et plus largement de la Nation. Et faire taire les menaces! Tout cela est nécessaire si l’on veut un jour pouvoir tourner la page du terrorisme islamiste.

Evidemment, c’est moins facile aujourd’hui qu’hier. Jusqu’à la généralisation des réseaux sociaux, le droit de la presse permettait à la société de se protéger des menaces et appels à la violence, les éditeurs étant entièrement responsables de leurs publications. Avec les réseaux sociaux, il n’y a plus de responsables. Les opérateurs des dits réseaux, estiment ne pas être des éditeurs et donc ne pouvoir être considérés comme responsables des contenus qu’ils diffusent. Il est sans doute nécessaire, même si c’est difficile du fait du caractère trans-frontières de l’internet, d’aller vers une responsabilisation des Facebook, Twitter et autre Instagram. L’appel à la violence, l’incitation à la haine, n’ont pas leur place dans l’espace public, et les réseaux sociaux font partie de l’espace public.

Alors bien sûr, si l’on dissout les associations qui placent ouvertement leurs préceptes religieux ou pseudo-religieux au dessus des lois, si l’on traduit devant la justice, les militants qui tentent dans certains quartiers au nom d’une religion de dicter leur façon de voir à leurs concitoyennes et/ou concitoyens, si l’on sanctionne les menaces proférées au nom d’un Dieu ou d’un prophète sur Facebook ou Instagram, si l’on expulse les étrangers qui prêchent la haine dans notre pays, si l’on retire aux parents la possibilité de former leurs enfants à leur vision réductrice du Monde en les soustrayant aux influences extérieures et aux enseignements de l’école de la République… on risque de donner l’impression de stigmatiser l’islam… Mais comment faire autrement? Aucune autre religion -quoi que l’une ou l’autre ait eu à se reprocher dans le passé- n’est instrumentalisée aujourd’hui par une minorité de militants qui tentent d’imposer leur point de vue, par la pression morale ou la violence, si l’on fait exception de quelques catholiques extrémistes qui tentent, le plus souvent en vain, de faire entendre leur archaïsme, et doivent être également sanctionnés lorsqu’ils se mettent hors la loi.

On l’a vu lorsque le président Macron a fait son discours sur le séparatisme et l’islam politique, la gauche marche toujours sur des œufs lorsqu’il s’agit de ce sujet. La peur, tout à fait honorable, de donner l’impression de discriminer une minorité, conduit à une prudence voire à une tolérance, dont profitent les plus extrémistes. Gageons donc que quelles que soient les mesures adoptées, elles déclencheront, d’abord sur les réseaux sociaux comme toujours, l’indignation des défenseurs intransigeants des libertés formelles, mais aussi les polémiques, dénonciations et procès d’intention. Sachons aussi que les interdictions d’association, expulsions d’individus dangereux, obligation de scolarisation, poursuite judiciaires systématiques des menaces et propos haineux, si elles paraissent des mesures essentielles pour établir des garde-fous et réaffirmer les valeurs de la République, ne suffiront pas! C’est par l’éducation et la culture, grâce à nos enseignants, que l’on fera reculer durablement l’obscurantisme, par le soutien aussi que l’on accordera à ceux qui au sein même de la religion musulmane luttent contre les extrémismes, par l’écho que l’on donnera à leurs prises de position… Cela demandera du courage, mais aussi du temps, sans doute beaucoup de temps.

2 réflexions sur « Islam radical: un combat de longue haleine »

  1. Cher Michel,
    J’ai arrêté mon métier d’enseignant il y a un peu plus de deux ans.
    Parmi mes anciens collègues, l’émotion est considérable. Le début des vacances ayant repoussé l’inéluctable retour en classe à deux semaines, ce ne sera pas de trop pour reprendre ses esprits.
    Après la sidération qui a suivi cet évènement atroce, le temps de l’action est bientôt arrivé, enfin … (la tribune de l’Obs du 2 novembre 1989, le rapport Obin de 2004 avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme… sans réaction de nos politiques hélas.
    Que de temps perdu !
    Je suis d’accord avec toi que l’action devra être pérenne, très pérenne. Elle sera laborieuse aussi avec cet islam sunnite qui n’a pas de clergé et où l’on peut très facilement se déclarer, s’autoproclamer, imam (comme celui qui a accompagné le père, de la “plaignante”, au collège) sans avoir la modération et la ferme volonté de respecter notre République. Pourtant, cela semble possible mais difficile (voir la situation de l’imam de Drancy qui est sous protection policière).
    Notre époque est dure mais il nous faut préparer un avenir plus serein que celui qui semble se profiler.
    Gardons l’espoir.

    • Merci de ton commentaire. Oui je crois qu’on a perdu beaucoup de temps. Souhaitons que nous n’en perdions plus, car la marche sera longue.

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