Qui croit encore à un accord de paix israélo-palestinien? Au moment où reprennent les négociations à Washington, après 3 ans d’interruption, chacun se garde bien de faire donner le clairon. Même le secrétaire d’Etat américain John Kerry, et son président Barack Obama, pourtant ravis d’être arrivés à leurs fins, évitent tout triomphalisme. Car chacun sait que si les négociateurs des deux camps se retrouvent aujourd’hui autour d’une table dans la capitale américaine, c’est d’abord pour faire plaisir à leur mentor. Aucun des deux protagonistes ne pouvait continuer à ignorer les appels pressants des Etats-Unis. Mais l’un comme l’autre y vont à reculons, tant cette rencontre semble étrangère à leur agenda immédiat. Côté israélien, la négociatrice Tzipi Livni, sait pertinemment que son gouvernement est plus divisé que jamais sur le sujet. Que certains ministres n’hésitent pas à dire leur opposition de principe à l’existence d’un état palestinien. Que le Premier Ministre s’est dédouané par avance en promettant de soumettre à référendum un éventuel accord de paix. Bref on ne peut pas dire que la dynamique de paix soit très forte côté israélien, et cela se traduit, comme toujours par une fièvre de construction dans les colonies installées en territoire palestinien, qui compromet chaque jour un peu plus l’existence future d’un état. Du côté de l’autorité palestinienne, l’enthousiasme n’est pas non plus au rendez-vous. Pour ne pas fâcher Washington, le président Mahmoud Abbas a dû mettre son mouchoir sur la condition qu’il met depuis des mois à la reprise des négociations: le gel de la colonisation. Pour l’en convaincre John Kerry aurait obtenu sinon un gel du moins un peu plus de discrétion sur la colonisation de la part des Israéliens. De même, la base de négociation pourrait être le tracé des frontières de 1967, selon John Kerry, comme le souhaite Mahmoud Abbas, mais là encore on éviterait de le dire à haute voix pour ne pas gêner le gouvernement de Netanyahu. D’ailleurs on ne devrait rien dire du tout à haute voix. Le contenu des discussions devra rester secret. Dans ce contexte, on peut craindre qu’à la première provocation directe ou indirecte, l’une ou l’autre des parties s’estime quitte vis à vis des américains, et rentre chez elle. Il y a trois ans, c’est un projet israélien de construction à Jérusalem-est, qui avait fait capoter le dialogue au bout de trois semaines. Avec un gouvernement israélien plus indifférent que jamais au processus de paix, un président palestinien qui vient de limoger un premier ministre qui avait longtemps incarné les espoirs d’avenir pour la Palestine, un Hamas de plus en plus isolé dans la bande de Gaza depuis la chute de son allié Mohamed Morsi, et qui pourrait être tenté une fois de plus de choisir la politique du pire pour remobiliser ses militants… les conditions semblent loin d’être réunies pour traiter de sujets aussi épineux que le tracé des frontières d’un futur état, le devenir des colonies, ou le “droit au retour” que réclament les palestiniens pour les réfugiés chassés de leurs maisons en 1948 et dont certaines familles vivent toujours, 65 ans après, dans des camps d’hébergement “d’urgence”… Mais il reste toujours aussi les mêmes raisons d’espérer: pour le peuple palestinien bien sûr, mais aussi pour l’état juif, la seule façon de garantir l’avenir et la sécurité, c’est bien de faire la paix… maintenant!.