François Fillon votera donc non… s’il y a un vote au parlement français. François Hollande n’ayant aucune obligation en la matière, il ne devrait y avoir vote que si le président est assuré du soutien des parlementaires. Plutôt qu’une intervention armée à l’issue évidemment incertaine, Fillon préconise que l’on tente de convaincre Vladimir Poutine de faire pression sur Damas. Sur le principe, il a absolument raison. Un “lâchage” de Assad par la Russie serait un plus sûr moyen de mettre fin aux exactions barbares du régime de Damas, que l’envoi de quelques dizaines de missiles sur des cibles militaires. Hélas les “Yakas” suffisent rarement à éviter les guerres. La question syrienne est aujourd’hui une ligne de confrontation directe entre Moscou et Washington, comme le fut, toutes proportions gardées la crise de Cuba. Poutine a choisi ce terrain pour remettre en scène la puissance de l’empire russe. Au delà des autres enjeux, économiques et stratégiques, du refus de cautionner une intervention occidentale dans les affaires d’un de ses alliés, toutes questions essentielles pour Moscou, la Syrie est devenue la ligne rouge sur laquelle le Kremlin défie l’occident comme au temps de la guerre froide. Dans ce contexte, l’attitude d’Angela Merkel refusant, seule en Europe, de voter la motion présentée par les Etats-Unis et la France au G20 de Saint-Petersbourg est incompréhensible, et pour tout dire irresponsable. On peut déplorer les projets d’intervention militaire en Syrie, en craindre les conséquences dramatiques, estimer que les dégâts collatéraux de la guerre qui s’annonce risquent d’être immenses, mais la situation est maintenant bien celle d’un affrontement direct avec la Russie de Poutine dans lequel, il faut choisir son camp. L’Allemagne a eu du mal. Pourtant, l’envoi par Moscou de navires de guerre sur le théâtre potentiel des opérations occidentales, où se trouve déjà l’armada américaine, confirmait ces derniers jours cette escalade de la tension. Est-il encore temps de la faire retomber? Depuis le début du drame syrien, il y a 18 mois, la Russie a préparé le bras de fer actuel. En continuant au vu et au su de tous à armer le régime syrien, elle a démontré qu’elle était directement et activement complice du massacre des populations civiles avec ou sans armes chimiques. Sans s’attirer d’autres reproches de la part de la communauté internationale que celui de bloquer le fonctionnement du Conseil de Sécurité. En ne voulant pas voir la gravité du défi de Moscou à la communauté internationale, en fermant les yeux sur son engagement direct dans la crise syrienne, les pays occidentaux, ont laissé monter la pression. C’est dès le début qu’il aurait fallu tenter de convaincre Moscou, d’obtenir une “neutralisation” de la crise syrienne, pour qu’elle ne soit abordée par toutes les parties que sous l’angle du droit international. Depuis des mois on aurait dû établir un rapport de force avec Poutine, exercer des pressions pour l’empêcher d’aller plus loin dans son soutien au régime barbare de Damas. Conduire la Russie à reconstruire sa grandeur perdue dans un rôle de grande puissance stabilisatrice, soucieuse de la paix mondiale, plutôt que dans le défi permanent. La France aurait pu trouver là matière à construire une nouvelle approche diplomatique. La Syrie n’était pas encore alors l’enjeu qu’elle est devenue.