La gauche est en sale état. 18 mois de pouvoir l’ont conduite au bord de l’explosion. Et l’affaire de la jeune Leonarda agit comme un révélateur de l’état de délitement dans lequel se trouve la majorité qui a porté François Hollande au pouvoir. Ne parlons pas des invectives et anathèmes de Jean-Luc Mélenchon, dont on ne comprend toujours pas pourquoi il a appelé à voter socialiste au second tour de la présidentielle tant il s’emploie depuis le premier jour du quinquennat à démolir systématiquement toute prise de position ou action des socialistes, qui n’auraient fait sous la conduite de Hollande que trahir leur carte génétique, qui est d’ailleurs la même que celle du président du parti de gauche. Plus préoccupantes pour l’Elysée et Matignon sont les prises de position récentes d’Harlem Désir, premier secrétaire du parti socialiste, s’autorisant à prendre la parole dans la foulée du président pour s’opposer à ce dernier, et proposer le retour de toute la famille Kosovar à l’exception du père, ou pire encore celle de Jean-Vincent Placé, le chef de file des sénateurs écologistes, appelant les lycéens à reprendre à la rentrée leurs manifestations contre le gouvernement. Ces deux interventions sont évidemment des signaux d’alerte maximale pour la cohésion à venir de l’action de l’Etat. Lorsque les supposés leaders de la majorité présidentielle ne se sentent plus tenus au respect de la parole du président, ou appellent eux-même à descendre dans la rue, on est déjà en pleine crise de régime. On doit s’attendre en tout cas à des mois de grande difficulté pour le gouvernement, le président, et donc la France. Un tel affaiblissement de l’Etat n’est une bonne nouvelle que pour l’opposition à courte vue. Il est de très mauvais augure pour le pays qui ne pourra se redresser qu’en reprenant confiance en lui. D’autant plus que la crise politique actuelle n’est pas un prurit ponctuel qui agiterait une majorité en proie à des états d’âme. Elle vient en point d’orgue d’une succession d’approximations, contradictions, changements de pied, à la tête de l’Etat. Bien sûr la tentation est forte de dénoncer l’inconséquence des responsables de gauche qui semblent toujours, un an et demi après, s’étonner d’être au pouvoir, et de devoir, en vrai, soumettre leurs convictions à l’épreuve du réel. D’avoir à laisser leur sens des responsabilités brider leurs émotions. Mais quand on en est à ce stade, il n’y a plus qu’un responsable: c’est le premier d’entre eux. Quelle que soit la fragilité ou l’impréparation de ceux qui le soutiennent, le Président de la République est le seul finalement comptable de la situation de sa majorité et donc du climat délétère dans lequel s’enfonce le pays en crise. Il lui appartient de reprendre les rênes, au plus tôt, de rétablir son autorité propre et donc celle de l’Etat. Il n’est plus temps d’être un président “normal”! Pour parvenir à reprendre le contrôle de cette situation exceptionnelle, il faudra qu’il se montre un président d’exception. C’est d’abord ce défi qu’il devra relever, pour pouvoir continuer à espérer redresser le pays.
On le sait plutôt adepte de la maxime mitterrandienne de “laisser le temps au temps”. Mais nous avons depuis changé de siècle et de rythme, dans la communication politique notamment. L’ex-président avait au moins (trop ?) compris celà…
C’est exact. On a changé de rythme, de façon même excessive, quand ont voit comment l’émotion collective peut tourner en boucle sur les médias, de blog en tweet, de radio en télé, comme une tornade, et en quelques heures pulvériser toute tentative publique de réflexion mesurée et toute prise de recul.