Combattre le terrorisme jusqu’au bout ?

La guerre contre le terrorisme n’est jamais gagnée. Et l’on conçoit que nos dirigeants en éprouvent de l’amertume. L’armée française a pris tous les risques au Mali pour chasser les émules d’Al Qaeda. Ses soldats ont délogé un par un les terroristes de leurs caches au milieu d’un désert hostile. Mais ils n’ont pu empêcher une poignée d’irréductibles d’assassiner lâchement deux journalistes. Et l’on voit mal, hélas, comment ils auraient pu l’empêcher. Il n’y a que les va-t-en guerre de salon, façon Christian Estrosi, pour estimer qu’on aurait pu faire mieux, pour “regretter que les forces françaises ne soient pas allées jusqu’au bout”. Mais jusqu’à quel bout ? Jusqu’à s’être assuré que tous les djihadistes actuels et à venir aient été tués.? Jusqu’à extirper des cerveaux les idées qui poussent certains hommes à perdre toute humanité? Une armée peut anéantir une autre armée, et il était nécessaire de faire reculer les forces islamistes au Mali. Mais les armes ne viendront jamais à bout des idées. Pas plus les fusils des soldats d’Hollande que les drones d’Obama. Aller exécuter un chef des talibans au fin fond des montagnes du Pakistan sans quitter son fauteuil de la Maison Blanche, est certes un exploit technologique, mais ne change rien à la situation réelle, à part pour la cible et ses proches. Un autre chef prendra le relais. D’autres terroristes se lèveront dont la haine se nourrira des dégâts collatéraux, qui accompagnent chacun des “exploits” techniques de l’US Navy. Des frères, des mères, des enfants, prendront à leur tour les armes pour venger des proches. Mais les hommes politiques ne supportent pas d’être réduits à l’inaction. Comme Obama tente d’allonger au maximum sa liste de victimes ennemies, avant de leur abandonner le champ de bataille afghan, Hollande est sans doute tenté d’en remettre une couche dans le désert. De prendre d’assaut quelques campements de plus, d’investir encore quelques grottes servant d’abris aux terroristes… pour ne pas rester inerte face à la barbarie.

Mais pour avoir une chance, un jour, de faire reculer le terrorisme, la bataille principale à livrer se déroule ailleurs. Sur le terrain des injustices. Il ne suffira pas de bombarder le désert, il faudra aussi l’irriguer. C’est en aidant les peuples d’Afrique à sortir de la misère, en évitant que le dérèglement climatique que produisent nos excès ne rende leurs pays définitivement invivables, qu’on damera le pion des apôtres de la terreur. C’est en faisant enfin appliquer la justice et le droit international en Palestine que l’on fera reculer la haine aveugle. En montrant que notre souci des droits de l’homme et de la femme est le même partout, en Syrie, comme en Arabie-Saoudite ou au Quatar. Tout un programme, tellement plus complexe que celui qui guide un avion sans pilote.

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