Comment tirer la France du gouffre dans lequel elle s’enfonce? La question est aujourd’hui posée à tous. Et en premier lieu aux députés du parti socialiste, qui ont entre les mains le détonateur de la dissolution. C’est à quelques uns d’entre eux qu’il appartiendra de contraindre ou pas Hollande à renvoyer tout le monde devant les électeurs, et donc à mettre fin à sa tentative, infructueuse pour l’instant, de redressement du pays.
Attardons nous une seconde sur cette hypothèse de la dissolution, qui reviendrait bien sûr à un suicide politique des députés de gauche. La moitié d’entre eux, au bas mot, ne retrouveraient probablement pas leur siège. L’UMP n’aurait pas le temps de se remettre dans le sens de la marche, et Sarkozy ou pas, donnerait en spectacle la guerre fratricide de ses leaders auto-proclammés, empêtrés dans le règlement du passif de leur parti. Et qui auraient bien du mal à définir une politique crédible, alternative à celle de François Hollande, qui ne soit pas une simple fuite en avant dans l’austérité, et donc la récession.
Le Front National aurait-il une chance de s’emparer du pouvoir, c’est à dire d’une majorité absolue à l’assemblée nationale? Certainement pas. Le mode de scrutin législatif reste très défavorable au FN, et l’on peut imaginer que l’UMP, face au danger d’être elle-même marginalisée, ne prendrait pas le risque de faire élire les candidats d’extrême-droite. Alain Juppé a déjà annoncé la couleur en promettant de mener le combat contre le FN sur le terrain des idées.
De façon vraisemblable, il pourrait résulter d’une législative anticipée une assemblée morcelée, dominée par trois blocs antagoniques, ingérable. Donc un pays ingouvernable.
Face à une telle situation, François Hollande pourrait ajouter à la confusion en se démettant pour ne pas avoir à incarner un peu plus le déclin de la France et éviter d’être l’artificier de l’explosion de la cinquième république. Mais il pourrait aussi, à condition d’en avoir le courage, rester à son poste pour permettre à la France de poursuivre son redressement, tout en accouchant d’un nouveau régime.
Un régime dans lequel le président tout puissant s’effacerait devant le parlement, à charge pour ce dernier de savoir se recomposer autour d’un projet commun dont on a bien perçu ces derniers mois qu’il n’était plus hors d’atteinte, tant les clivages idéologiques entre blocs principaux semblent évanescents. Un projet forcément libéral, parce que l’économie de marché est une réalité mondiale incontournable pour tous. Mais un projet obligatoirement social parce que la France a un modèle a défendre, parce que le progrès social a toujours été ici indissociable du progrès économique, et parce que le pays ne pourra se relever que si les différentes forces qui propulsent la machine à produire s’unissent pour travailler ensemble.
Le pays a besoin de consensus. Aucun pays ne se se redresse d’une crise pareille à celle que nous traversons sans un consensus autour de sa sauvegarde. Aucune économie ne progresse durablement en se déchirant, en abandonnant les plus faibles au bord du chemin, en écrasant les plus fragiles. Les inégalités ont atteint dans notre pays un tel niveau qu’aucun homme politique, de droite ou de gauche, ne peut imaginer sans risque de les aggraver encore. Mais aucun ne peut non plus rêver d’un Etat surpuissant qui contraindrait les acteurs économiques à mettre en œuvre ses propres choix.
Alors, peut-être les conditions sont réunies pour que s’ébauche une plateforme de progrès économique et social qui rassemble largement une majorité d’élus de la nation. Une majorité qui pourrait choisir en son sein l’homme susceptible d’incarner ce projet, devant lequel le président sans majorité devrait forcément s’effacer. Pas une cohabitation entre un président minoritaire et un parti d’opposition parvenu à la majorité, comme on en a connues, mais une cohabitation de différentes forces politiques autour d’une plateforme de progrès partagée.
Bien sûr, qui dit consensus, dit eau tiède. Fini la douche écossaise de l’alternance qui a certes permis quelques réformes de société importantes, mais s’est surtout traduite par d’incessantes remises en cause! Par une gouvernance en zigzag, dans laquelle chacun défaisait ce que son prédécesseur avait fait la veille, en étant pourtant parfois dans le même camp. C’est probablement une raison importante de la stagnation économique de notre pays: il n’a aucune suite dans les idées! Chaque président étant par définition institutionnelle un homme providentiel, doit imprimer sa marque, marquer l’histoire de son sceau qui ne devra pas à l’heure du jugement dernier se confondre avec celui de ses prédécesseurs ou successeurs. Sa raison d’être c’est le changement! Il suffit pour s’en convaincre d’égrener la litanie des grands projets d’avenir qui n’ont eu pour horizon que celui des mandats en cours, des plans de modernisation industrielle qui ont fait pschitt, des dispositifs de soutien à l’investissement immobilier qui portent chacun le nom d’un des ministres du logement de la 5eme république. Le pays ne retrouvera pas la voie du progrès sans apprendre la continuité, l’obstination dans l’effort, la confiance dans le futur, cela suppose que les hommes s’effacent devant le destin du pays qu’ils ont l’honneur de diriger un temps.
Alors oui, la dissolution pourrait être une solution si elle permettait d’enclencher ainsi un processus vertueux, conduisant en douceur, vers un changement de régime pour adapter nos institutions au temps nouveaux. A la fin des empires. A l’émergence d’un monde multipolaire, d’une société multiculturelle, sans frontières, où l’identité nationale devient le plus grand dénominateur commun des différences, et le consensus social le véritable ciment des sociétés. Où la lutte des classes cède le pas devant la négociation de l’intérêt commun, dans le respect de la justice sociale. Il y a dans notre classe politique des hommes qui ont l’étoffe d’une telle ambition, la liberté de conscience, et la capacité, de conduire ces changements. On en trouve à gauche, au centre, comme à droite…
Alors pourquoi pas une dissolution si elle leur offrait leur chance?
“Droit dans mes bottes” a laissé un mauvais souvenir à certains, mais il semble que compte tenu de son expérience, de sa position impeccable vis à vis du FN, de ses bons rapports avec Bayrou, du respect qu’il professe pour les institutions, il soit l’homme de la situation ! Un ticket Hollande-Juppé, pour assurer une transition vers une constitution qui n’implique pas la présence d’un personnage historique pour fonctionner, est certainement une solution qui me conviendrait et qui serait propice à un sursaut démocratique et un assainissement du climat totalement dégradé que nous connaissons.
je crains que tout cela ne reste que politique fiction, entre Hollande qui fait trop souvent preuve d’entêtement dans l’indécision et les ambitions personnelles un peu partout, je doute que cela arrive, pourtant la France aurait bien besoin d’institution qui n’hystérisent pas la vie politique et impose au navire France de tirer des bords carrés, ce qui avec le gros temps finit par nous faire reculer…