François Hollande a changé! C’est d’abord lui qui le dit, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Mais pas que lui. L’ensemble des éditorialistes de la presse quotidienne, si prompts habituellement à “basher” le Hollande, sont du même avis. Avec les mêmes mots ou presque: Hollande a, enfin!, endossé “le costume de président”.
C’est quoi un costume de président? Personne ne le définit vraiment, mais c’est quelque chose qui doit sans doute réaliser la synthèse entre l’habit d’apparat de monarque, les vêtements bien ajustés du père sévère toujours tiré à quatre épingles, la chemise un peu grande du grand-frère bienveillant, un peu de l’habit de lin blanc du gourou, mais sans plus… par ces temps, on évitera la Jellabah. Je rigole… Le costume de président, c’est surtout un ton, un verbe, des mots. Et d’abord un pronom. Le “Je”. De préférence au “Nous” qui fait un peu socialiste. Au “Il” ou “Ils” qui doit être réservé aux campagnes électorales quand il s’agit de dire le plus de mal possible des adversaires. Quand on a le “costume” on n’a plus besoin de parler des autres. Au “Vous”, qui renvoie le peuple à sa distance du pouvoir, on préfèrera La France, ou les Français, la République, voire la Nation, qui sont inclusifs, et mettent tout le monde dans le même bateau. Et sont propice à l’emphase. La “Nation” ou la “République” se prêtent bien aux envolées lyriques. Car le ton doit être un peu solennel, mais pas trop. Sur de lui et plutôt dominateur. Donneur de leçon, mais avec indulgence. Surtout, éviter les vannes qui rappellent trop Flamby. Ne pas parler évidemment de sa vie privée, ça c’était bon pour l’ancien Hollande, le président “normal”. Le nouveau, il a le “costume”. Alors, il parle surtout des choses qui dépassent les Français, c’est à dire la politique internationale, la grandeur de la France… C’est important, ça montre qu’il est enfin différent de nous tous. Et quand, en plus, il nous annonce qu’il va passer son vendredi, presque un week-end!, avec Angela Merkel, alors là, vraiment il fait la pointure. Déjà presque un genre d'”hyperprésident”, comme l’autre, celui qui est tombé du piédestal, et flotte maintenant dans son costume de président de parti.
A quoi ça tient finalement la popularité du patron, et la pertinence de l’analyse politique… Au talent du tailleur!