Le déni victorieux de Netanyahu

En dépit des sondages qui prévoyaient sa chute, Benjamin Netanyahu l’a donc emporté et devrait être en mesure de constituer un nouveau gouvernement. Toujours en s’alliant avec son extrême droite. Sur un projet politique qu’il a encore durci pendant la campagne électorale. En promettant de ne pas laisser se créer un Etat Palestinien, il a sapé les derniers espoirs d’une solution pacifique prochaine au conflit israélo-palestinien, conforme aux droits du peuple palestinien.

Bien sûr durant ces dernières années le premier ministre israélien avait déjà semblé tout faire pour écarter la solution à deux Etats réclamée par les Palestiniens, agréée dans son principe par ses prédécesseurs, et exigée par la communauté internationale. La poursuite inlassable de la colonisation de la Cisjordanie, le mitage du territoire palestinien par l’édification de centaines de kilomètres de mur de séparation, la violence des opérations militaires à Gaza, puis l’asphyxie financière de la Palestine, étaient autant d’actes illégaux et discriminatoires, qui laissaient peu d’espoir au processus de paix. Mais en affirmant pour la première fois son opposition à l’avènement d’un Etat Palestinien, il franchit un pas de plus dans la voie du pire pour les peuples de la région.

Jusqu’ici, la position des différents gouvernements israéliens était fondée sur une double affirmation: d’un côté l’accord sur le principe d’une solution à deux Etats, et de l’autre la dénonciation des exigences palestiniennes comme autant d’entraves au processus de paix. Depuis les accords d’Oslo qui avaient posé, avec la mise en place de l’Autorité palestinienne, la première marche vers une solution définitive, les processus successifs de négociation, en général sous l’égide des Etats-Unis, loin de rapprocher les points de vue, écrivaient la chronique d’un échec qui semblait annoncé. La dualité du camp palestinien, déchiré entre le Fatah, héritier d’Arafat, aux commandes en Cisjordanie, et le Hamas islamique au pouvoir à Gaza, et adepte d’une guerre sans fin, favorisant l’intransigeance israélienne. Mais aussi ténues étaient-elles, des raisons d’espérer demeuraient.

Parce que de plus en plus de voix se faisaient entendre en israël pour réclamer une solution pacifique à deux Etats, ce qui pouvait laisser attendre une autre issue aux élections d’hier. Parce que malgré les multiples couleuvres avalées, l’autorité palestinienne continuait à tenter de maintenir cet espoir vivant, pour éviter une bascule irréversible vers la guerre.

La victoire de Netanyahu va probablement rendre la situation tout à fait explosive. Face au déni de justice revendiqué pendant sa campagne par le premier-ministre israélien, les palestiniens vont se tourner vers les instances internationales pour tenter d’obtenir qu’Israël soit mis au ban de la communauté internationale, comme l’Afrique du Sud le fut à une autre époque. Les appels au boycott d’Israël vont de fait se multiplier. Le Fatah, qui préconise la voie de la négociation, et mise sur la coopération avec l’occupant israélien, risque d’être discrédité, submergé par les mouvements palestiniens les plus radicaux. Une fois de plus, le sentiment qu’il n’existe pas de légalité internationale en ce qui concerne les plus faibles, et que l’injustice au Moyen-Orient est la règle acceptée de tous, va apporter du grain aux moulins barbares des organisations terroristes.

C’est certes le résultat d’un scrutin parfaitement démocratique, et les israéliens ont le droit comme tous les peuples de choisir leurs dirigeants comme ils l’entendent… Mais cela restera, pour tous ceux qui croient encore que le peuple palestinien mérite un autre sort que celui qui lui est fait dans le “bantoustan” de Cisjordanie, ou la prison à ciel ouvert de Gaza, et que celui d’Israël a le droit de vivre en paix avec ses voisins… un jour d’immense tristesse.

 

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