Tout avait commencé avec le genre… Est-ce qu’on était pas en train d’apprendre à nos garçons à se comporter comme des filles… voire pire! Et chacun mettait son nez dans l’affaire. Les politiques bien sûr, qui voyaient une bonne occasion de vérifier le laxisme et le gauchisme des enseignants. Il y eut même un philosophe, ou prétendu tel, d’extrême- gauche, oui supposé tel, pour s’emparer du sujet et dénoncer le pouvoir socialiste qui pervertit nos enfants.
Ensuite est venue l’affaire Charlie. Comme des terroristes assassins s’étaient attaqués à la liberté d’expression, on a décidé d’une minute de silence dans toutes les écoles. Chaque enfant de France se devait d’être Charlie. Evidemment, il y a eu des trublions. Peut-être les mêmes que ceux qui font des blagues salaces à haute voix pendant le cours d’éducation sexuelle… Et on a demandé aux profs de dénoncer les gosses. Et certains, honte sur eux, l’ont fait. Des politiques ont même proposé qu’on envoie les enfants devant un juge d’instruction. Motif: n’est pas Charlie! Comprendre: est potentiellement complice des islamo-terroristes. Evidemment, cela n’avait aucun sens. On se disait: le terrorisme les rend fous!
Et puis il y a eu la jupe. Trop longue, trop noire… Une gamine qui voulait porter la même que sa mère, rendez-vous compte, à l’âge où les autres ados choisissent toujours plus court! Nouvelle affaire nationale. Une ministre de l’éducation qui “assume et soutient” une mesure d’exclusion. Des politiques qui commencent à imaginer une loi sur la longueur des jupes des filles… Tous fous, on vous dit!
Mais tout cela n’est rien à côté de la polémique sur la réforme des programmes. Là on était aux frontières du génocide. “Le massacre des innocents” titrait un hebdo sans doute en mal de diffusion. Les prétendus philosophes remontaient on créneau, on allait détruire notre jeunesse en supprimant le latin de la 6eme ou de la 5eme, à la fin plus personne n’en savait rien, et enseigner à nos enfants le coran à la place du catéchisme, et faire l’impasse sur le siècle des lumières… Des politiques promettaient déjà de manifester place de la République contre la félonie! Les enfants n’avaient qu’à bien se tenir, la France entière allait se mêler de leurs programmes.
Enfin a sonné l’heure de la cantine. Depuis des années, personne n’avait vraiment eu l’idée de s’en mêler. On devinait que le poisson était toujours servi plutôt le vendredi, en dépit de l’impératif de laïcité, et que les jours de porc on proposait autre chose à ceux qui n’en voulaient pas. Comme beaucoup de cantines étaient devenues des selfs, modernité oblige, on laissait le choix de leur menu aux enfants… Ceux qui ne voulaient pas de porc, pouvaient l’éviter, cela leur permettait de se sentir un peu chez eux dans l’école de la République, et tout le monde s’en fichait éperdument! Enfin presque! Il y a d’abord eu un maire pour décider de supprimer les menus de substitution. C’est porc ou rien, et vive la République! Forcément le chef des LR (comprendre le parti “Les Républicains”) a sauté sur le cheval déjà lancé et sonné la charge. Assez de complaisance pour les musulmans! Ne laissons pas à Marine Le Pen le monopole de la bêtise.
Et nouvelle polémique nationale. Maintenant un député propose de rendre obligatoires les menus végétariens à l’école! Dis, maman, c’est obligé d’aller à la cantine?
Et si pour une fois il se dégageait au milieu de cette pétaudière politique un consensus minimal. Messieurs les hommes et femmes politiques, continuez à vous battre sur des sujets pas toujours essentiels. Agitez les épouvantail idéologiques à votre guise, disputez à Marine Le Pen le monopole de l’intolérance si vous le souhaitez vraiment, mais de grâce: foutez la paix aux gosses!
Pour une fois, je pense qu’il n’est pas inutile de nuancer votre propos, même si je trouve que nos élus ont le chic pour polluer l’école avec des polémiques inutiles.
En 2015, nous fêtons les 110 ans de séparation de l’église et de l’état. Vous comme moi avons sans doute connu l’époque du repas universel, puis avec le retour de français d’Algérie, la demande de repas sans porc. C’était une petite entorse à la loi pour le bien des enfants.
Depuis, les choses ont changé, de plus en plus de responsables de cantine sont confrontés au gâchis de viande autres que le porc parce que ce n’est pas hallal.
La république est bonne fille et avait pris des libertés avec le principe de laïcité pour que les cantines se plient au sans porc. Maintenant, la demande devient carrément une demande de repas confessionnels, du coup, je ne sais s’il faut le rendre obligatoire, mais je trouve que la solution du repas végétarien évite cet écueil. En effet, s’il faut préparer des repas avec des viandes hallal, pourquoi ne pas non plus préparer des repas conformes à la cacheroute, “tu ne cuiras pas le chevreau dans le lait de sa mère”, pas de lapin, pas de cheval, pas de poisson sans écaille, etc…
Ces menus végétariens existent déjà dans certaines villes, dans d’autres, ce sont les dames de service qui servent plus largement en légumes les enfants qui ne mangent pas de viande non hallal, (imaginez la tête des 7 autres de la table quand ce sont des frites, et je ne parle pas de l’équilibre du repas), cela existe discrètement dans certaines communes de l’agglo, et comme je crois qu’il le revendique parce que le problème est aigu chez lui, cela existe de façon ouverte et assumée par le maire à Perpignan.
Cela étant, on peut s’interroger sur le niveau de réflexion d’un ex président à nouveau candidat qui proclame “s’ils ne veulent pas manger le repas de la cantine qu’ils aillent dans des écoles confessionnelles” comme si ce n’était pas le meilleur moyen de rater l’assimilation qu’il prône régulièrement.
Bonjour Marommix, merci de votre commentaire. Je suis d’accord avec vous il serait absurde et inadmissible de céder aux demandes de menus confessionnels dans les cantines. En revanche le menu sans porc me semble n’avoir jusqu’ici dérangé personne. Pourquoi pas un menu de substitution végétarien, je n’ai rien contre, ce serait peut-être une bonne formule. Ce que j’ai voulu dire c’est que l’instrumentalisation politique de l’école est devenue insupportable. Que les politiques laissent les enseignants enseigner, c’est eux qui le font encore le mieux, les intendants et cuisiniers préparer les repas des cantines, et cessent de transformer tous les sujets touchant de près ou de loin à l’éducation en guerres de tranchées, en batailles idéologiques dont seuls sortent vainqueurs intolérance et rejet de l’autre! Il y a tant de sujets plus importants que la part du siècle des lumières dans les programmes, le menu des cantines, ou la tenue des lycéennes… et qui méritent, eux, que les politiques confrontent les solutions qu’ils ont à nous proposer.