Et pendant ce temps là… Pendant que la gauche se déchire autour de la loi El Kohmri, que les frondeurs du PS mettent toute leur énergie à envoyer leur gouvernement, et eux avec, dans le mur, que les responsables politiques de l’ex-majorité se succèdent aux micros, pour dénoncer qui l’Etat policier, qui la remise en question des fondements de notre République, qui la trahison du président et sa connivence entre la gauche de gouvernement et le grand capital, ou son mépris pour les plus humbles… Pendant ce temps là, la campagne de la primaire de la droite bat son plein.
On dit toujours qu’une élection en France se gagne au centre. Mais pas une primaire! Pour l’emporter il faudra d’abord convaincre le noyau dur des électeurs de l’ex-UMP. Et on attrape pas les mouches avec du vinaigre. Le programme qui s’esquisse au travers des déclarations des uns et des autres est une espèce de caricature de tous les travers de l’ère sarkozienne. Sarkozy, à tout seigneur tout honneur, promet évidemment de reprendre toutes les marottes de son quinquennat: 300000 fonctionnaires de moins, et rétablissement des peines plancher par exemple… Mais il reste à la traîne derrière Juppé dans les sondages, alors il en rajoute une couche. Dernière “bonne” idée en date: la suppression des contrôles fiscaux inopinés dans les entreprises et la réduction de leur champ de trois années à une année d’arriéré… C’est ce qu’on appelle être en phase avec l’actualité. Au moment où l’ampleur révélée de la fraude fiscale fait frémir, il propose tout simplement de couper les ailes aux contrôleurs… Et idem pour la fraude sociale… Plus de contrôles inopinés… En tout cas dans les entreprises, pour les “assistés”, forcément présumés fraudeurs, c’est une autre paire de manche.
Le plus innovant dans la lutte contre l’assistanat est sans nul doute Bruno Le Maire. Pour faire entendre sa différence dans le concert de la droite, il propose tout simplement de contrôler les comptes bancaires des titulaires du RSA. Evidemment une telle intrusion dans la vie privée des intéressés serait illégale, alors il propose qu’un titulaire du RSA doive fournir volontairement en échange de son revenu mensuel, un relevé de compte bancaire… Sinon, pas d’allocation. Histoire de vérifier qu’il fait bon usage de l’aumône publique. Une idée formidable, non? On arrête de contrôler les entreprises et on remplace par le contrôle des dépenses des plus pauvres! On pourrait suggérer aussi d’étendre cette surveillance bancaire à l’allocation de rentrée dont bénéficient les familles les plus modestes et qu’ils risquent d’utiliser à autre chose que les frais scolaires. Juppé comme Sarkozy proposent en tout cas le retour de la suppression des allocations familiales pour absentéisme scolaire. L’ancien président diminuera les remboursements santé de la sécurité sociale, trop élevés, de trois points, et supprimera l’aide médicale d’Etat qui fait pourtant l’honneur de ce pays. Tous se débarrasseront de l’impôt sur la fortune qui dissuade les riches de gagner plus.
Côté réforme du droit du travail, le sujet qui met la gauche cul par dessus tête, il n’y a évidemment pas de surprises. Tous veulent faire sauter le verrou des 35 heures, et rendre tout le pouvoir aux chefs d’entreprise. La palme à Fillon qui s’il est élu débarrassera carrément les entreprises de la durée légale du travail. Tandis que Juppé qui estime que les Français ne travaillent pas assez se contentera d’un retour aux 39 heures, et supprimera le compte pénibilité qui permet de donner la retraite un peu plus tôt, ou une formation pour changer d’emploi, à ceux qui sont les plus usés par le travail. Tous trouvent bien sûr que la loi El Kohmri ne va pas assez loin. Qu’il faut en faire beaucoup plus dans la remise en cause du pouvoir syndical, pour protéger les entreprises contre… les risques du salariat. D’ailleurs ils voteront tous contre la loi El Kohmri.
Comme une partie de la gauche, bien occupée pour l’instant à s’autodétruire, pour la gloire, et l’histoire!