La campagne? Quelle campagne?

Décidément, en dépit des apparences, nous n’avons pas encore vraiment changé d’ère politique! Après les campagnes apocalyptiques de la présidentielle, nous voici dans le “troisième tour” législatif, et dans la démonstration qu’on peut faire toujours pire en matière de campagne électorale.

Macron est élu. On avait compris que l’enjeu des législatives était de lui donner ou pas une majorité pour appliquer son programme. On imaginait que les poids lourds de l’opposition, les partis qui ont été laminés par sa victoire, PS et LR en tête, allaient consacrer la campagne à expliquer sur quels points le programme de Macron est dangereux, et à proposer aux électeurs les correctifs nécessaires. Bref, faire campagne sur le fond, pour tenir compte des attentes formulées par les électeurs en faveur d’une remise en cause d’un fonctionnement politicien dépassé. De même on pouvait attendre de l’autre poids lourd du premier tour, Mélenchon, une critique très concrète et précise du programme du nouveau président, et une illustration de ce que Les Insoumis -dans l’hypothèse où les électeurs les enverrait en nombre au parlement- pourraient apporter à la vie démocratique, en infléchissant les choix du président élu, en faisant vivre des débats de fond dans l’intérêt du pays.

C’est raté! Médias et hommes politiques semblent s’être mis d’accord pour éviter tout débat de fond, une fois de plus. LR et PS semblent n’avoir qu’un thème de campagne: les éventuels possibles écarts de conduite de Richard Ferrand, le proche d’Emmanuel Macron. Côté France “insoumise”, on tente de suivre Mélenchon dans ses dérapages. Après une campagne présidentielle toute en douceur et en rondeurs, le leader du parti de gauche, a un important retard à rattraper au chapitre des invectives. Alors tout le monde en prend pour son grade. Les soutiens d’Emmanuel Macron sont un “ramassis” une “horde” ou encore une “meute”! Le parti communiste de Pierre Laurent, soutien de Mélenchon au premier tour, “la mort et le néant”! Quand au rival de gauche, ancien premier-ministre, Bernard Cazeneuve, c’est “celui qui s’est occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse”.

S’ils avaient tous voulu donner raison à posteriori à Emmanuel Macron dans sa tentative de re-fondation de la vie politique, ils ne s’y seraient pas pris autrement. S’ils avaient choisi de démontrer par l’exemple que les partis traditionnels sont dépassés, ils auraient agi exactement ainsi. Tous semblent tétanisés par le vertige, au bord du vide. Incapables de retrouver leur souffle. Ce que résume assez bien Martine Aubry pour la gauche: “je ne sais pas comment parler aux Français aujourd’hui… j’ai l’impression que tout ce que j’ai fait dans ma vie est abîmé, cassé…”

Il faut dire que les médias dans leur ensemble ne font pas grand chose pour éclairer les enjeux de la campagne. Partagés qu’ils sont, pour la plupart, entre la volonté de ressasser sur tous les tons, “l’affaire Richard Ferrand”, qui n’en est pas vraiment une pour l’instant, et la fascination pour ce nouveau-président-si-jeune-que-le-monde-entier-nous-envie. Zéro recul sur un sujet comme sur l’autre. Un pseudo-équilibre, entre mise en cause et admiration, qui cache mal l’absence de travail de fond. Au point que ce que l’on retiendra sans doute de ces premières semaines de présidence Macron, est un éventuel scandale immobilier datant de 2011, et une poignée de main “virile” entre deux coqs dans la basse-cour de la politique internationale.

Vivement que cela s’arrête, et qu’on voit d’un peu plus près ce que Macron nous prépare.

 

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