A peine nommés, et déjà dans la tourmente…

La logique aurait voulu que l’on attende le discours de politique générale du nouveau Premier ministre pour se faire une idée sur ce que veut ce nouveau gouvernement et du cap vers lequel il veut conduire le pays. Mais une fois de plus, c’est internet et les médias qui imposent le rythme. Et la patience n’est pas leur fort!

48 heures après l’annonce de la formation du gouvernement, on a déjà l’avis de Camelia Jordana! La chanteuse et actrice, qui avait déjà pu se faire une expertise sur la vie en banlieue, et “ces hommes et ces femmes qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau“, depuis la villa de luxe où elle a été élevée sur la Côte d’Azur, avait aussi une autre spécialité qu’on ignorait: le droit français. Elle nous le dit tout de go: Darmanin n’aurait jamais dû être nommé, pas plus que Dupont-Moretti, c’est “cracher au visage de toutes les femmes” que de les nommer aux ministères de l’intérieur et de la Justice. Et elle ajoute: qu’on “devrait exiger un casier judiciaire vierge d’un ministre“, ce qui est pourtant le cas de l’un comme de l’autre… Mais passons, chacun gère sa communication comme il le peut, et la starlette a l’excuse de n’avoir pas mené sur le sujet une action solitaire mais bien coordonnée, avec l’ensemble des groupes de pression féministes, et du journal Libération qui cache à peine, comme d’habitude, son engagement partisan derrière un jeu de mots: “C’est Mâle parti” titre-t-il entre les photos des deux hommes à la Une.

“Vous me jugerez sur ce que j’ai fait, lorsque je l’aurai fait,” réclamait hier à l’assemblée nationale le nouveau Garde des Sceaux. On peut le comprendre. Et en tout cas convenir que juger un avocat sur les crimes des accusés dont il a assuré la défense est tout à fait absurde. On nous rétorquera que sa nomination est aussi vilipendée en raison de ses prises de position critiques, ou ironiques, à l’égard du mouvement Metoo. Là on est carrément dans le délit d’opinion. Que Maître Dupont Moretti, avocat de son métier, ait eu quelques critiques à faire sur les libertés prises par les militantes féministes, avec le droit à une justice contradictoire et à la présomption d’innocence, est après tout assez logique. Et le droit à l’irrespect s’applique même quand il s’agit d’un totem de la bonne conscience de gauche. Quant-à la forme… chacun pensera ce qu’il veut de l’esprit provocateur de l’homme, mais il n’y a là non plus pas de quoi fouetter un ministre.

Le cas du ministre de l’Intérieur est assez différent. Primo, il était déjà un ministre important il y a huit jours et personne alors ne semblait juger scandaleuse sa présence au gouvernement. C’est apparemment la relance de l’accusation de viol d’une femme contre lui qui a provoqué la colère des militantes féministes au lendemain de sa nomination. Une accusation portée au lendemain de son entrée au gouvernement, concernant des faits ayant eu lieu dix ans auparavant, en 2009. Depuis, les magistrats ont enquêté et conclu leurs recherches par un non-lieu. Mais un vice de procédure a convaincu la justice de relancer l’instruction, qui avait été close parce que la crédibilité de la plaignante était jugée limitée, compte-tenu entre autres de sa précédente condamnation pour chantage et extorsion de fonds aux dépends d’un autre homme.

Evidemment, on peut objecter que le fait d’avoir été condamnée préalablement pour avoir tenté de profiter d’un autre homme, ne suffit pas à discréditer la parole d’une femme. C’est vrai! Mais le précédent n’est pas non plus de nature à rendre caduc celle de l’homme qui revendique lui une relation librement consentie de part et d’autre. Les juges re-trancheront.

En attendant, fallait-il éviter de nommer Monsieur Darmanin au ministère de l’intérieur? D’un point de vue du droit, on peut observer que la présomption d’innocence du ministre n’est en rien remise en cause par le vice de procédure qui provoque la relance de l’instruction. En s’en tenant à un strict principe de précaution, on aurait pu temporiser. Au moins jusqu’à ce que l’enquête rouverte soit refermée, pour éviter tout conflit d’intérêt. Mais on imagine mal le Premier ministre nommer un Ministre de l’intérieur intérimaire en attendant la décision de justice. Le Premier Ministre et le Président ont donc choisi de se fier au premier jugement des magistrats instructeurs. Il faut évidemment souhaiter pour la sérénité ambiante, qu’ils ne se soient pas fourvoyés.

1 réflexion sur « A peine nommés, et déjà dans la tourmente… »

  1. Votre commentaire est hélas le reflet de notre société actuelle….. on a Le sentiment que tout nous échappe !
    Le mensonge est devenu un acte politique normal voire impératif, Le doute n’a plus sa place les réseaux sociaux tranchent , les journalistes n’enquêtent plus et se contentent d’agresser pour obtenir la réponse qu’ils veulent etc ..,,,
    Notre société semble vouloir tout essayer quitte à nous mener au chaos …
    Bien triste
    Dominique

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