On ne rigole pas avec l’inceste! Ni avec la transsexualité! Il y a caricature et caricature! C’est la nouvelle directrice de la rédaction du Monde qui en a décidé ainsi. Non seulement la direction du Monde a choisi de dénoncer la publication d’un dessin de Xavier Gorce, caricaturiste contribuant de longue date à son site internet -sans pour autant supprimer la publication- mais elle a également présenté ses excuses aux victimes d’inceste, aux personnes transgenres, et aux lecteurs en général. Motif: ce dessin pouvait être lu comme une “relativisation de la gravité des faits d’inceste en des termes déplacés vis à vis des victimes et des personnes transgenres”.
La prise de position de la direction du Monde est intéressante à deux points de vue. Primo, elle reproche au dessinateur d’avoir “relativisé” la gravité des faits d’inceste! Mais cette “relativisation” n’est-elle pas l’essence même de la caricature? Si le Monde ne veut plus qu’on “relativise” les choses graves, douloureuses, voire scandaleuses, il va falloir très vite renoncer à la caricature, au dessin lui-même, voire même au journalisme. Mais ce n’est pas tout. Non seulement Xavier Gorce aurait relativisé la gravité de l’inceste, à un moment où l’actualité a permis à chacun de mesurer l’insondable horreur que représentent les agissements des prédateurs familiaux, mais en plus il l’a fait en “termes déplacés”… “vis à vis des victimes et des personnes transgenres”. Là, ce n’est plus la relativisation de la souffrance des victimes qui est seulement en cause, mais bien le non respect d’une minorité de la population, tout à fait respectable au demeurant: les personnes transgenres. Les termes employés à leur égard sont “déplacés”, et donc on leur doit toutes les excuses du Monde, pour cette marque d’irrespect. Utiliser des termes “déplacés” (souhaitons que Caroline Monnot fournisse à ses dessinateurs un guide du parfait placement!) vis à vis d’une de ces minorités pour le respect desquelles le Monde a prouvé son engagement “illustré par de nombreux articles ces derniers mois…” est une grave erreur selon la directrice de la rédaction du Monde. Beaucoup plus que ces titres “punchlines” ne correspondant pas au contenu des articles dont nous gratifie régulièrement le site internet. Plus aussi que certaines enquêtes bâclées et à charge dont la rédaction a parfois le secret. Le problème c’est une caricature dont les propos sont “déplacés”.
Bref, selon la nouvelle doctrine du Monde, les minorités sont taboues. On ne fait pas d’humour sur le sujet. Du moins lorsqu’il s’agit de sexualité. Les sourds, les ambidextres, les mal voyants, les roux, les membres de la secte de ceux qui portent un poulpe sur la tête, chers à Pierre Desproges, ne sont pas concernés. Pas non plus concernées les religions diverses, on reste Charlie! En revanche, même au prétexte de caricature, on n’emploie pas de termes “déplacés” à propos des personnes LGBTQI. C’est une ligne éditoriale qui en vaut une autre…
Bien vu bien dit, Michel
Enfin on respire ! Merci Michel
Un vieux boomer de + de 50 ans blanc hétérosexuel occidental qui regarde fasciné la dérive du Monde …
Merci de ton commentaire, que je n’ai vu et donc validé que bien tard… Michel